Entre espoir et désarroi, les migrants dans le nord de la France, en quête d'une vie meilleure au Royaume-Uni, font face à un lourd fardeau mental alors que l'accès aux soins psychologiques restent un défi majeur, selon les professionnels de la santé.
Quand tu penses à ta famille, au pays, c'est un lourd fardeau.
Dans le nord de la France, où il tente de passer la Manche, Mohamed Yasir sait sa santé mentale affectée par son périple migratoire. Mais pour ce Soudanais, la priorité est d'arriver au Royaume-Uni.
Comme nombre de migrants, il a quitté un pays en proie aux violences et mis sa vie en péril dans l'espoir d'une vie meilleure. Dans l'immédiat, il campe dans les taillis à la périphérie de Calais, sur le littoral du nord de la France.
Chaque semaine, une psychologue, une infirmière et des médiateurs interculturels vont à la rencontre des migrants en transit, sur un terrain vague entouré de plusieurs campements.
Des résidents, en majorité soudanais, s'installent le temps de charger leurs téléphones portables.
Autour d'une table avec quelques jeux et du café chaud, les langues se délient.
"Prendre soin de moi"
Mohamed, 32 ans, qui a quitté Al-Genaïna au Darfour début 2023 aux prémices de la guerre ravageant désormais le Soudan, sait qu'il aura besoin de soutien psychologique.
Depuis des mois, il est sans nouvelle de son épouse et leur enfant de deux ans, qui vivaient avec une quinzaine de proches dans la maison familiale au Darfour. Il ne peut qu'espérer qu'ils ont pu fuir au Tchad.
"Traités comme des objets"
Beaucoup se plaignent d'abord de maux physiques et sont reçus par l'infirmière, Palmyre Kühl, avant d'être éventuellement orienté vers la psychologue.
Depuis 2022, les associations ont recensé au moins trois suicides d'exilés sur le littoral.
D'autres perdent pied, comme ce Soudanais reclus dans une tente depuis des mois. Ses amis ont réussi à traverser et il est resté seul, s'isolant de plus en plus, raconte MSF, parti à sa rencontre avec une équipe mobile du centre médico-psychologique de Calais.
Plus de la moitié des migrants installés en France ou y passant ont connu des violences extrêmes, souligne Valentin Hecker, psychologue dans ce centre.