"Presque tous les prix sont en hausse à cause de l'embargo", se défend devant ses clients Elhadj Ali, commerçant au marché Dar-es-salam de Niamey: depuis les sanctions ouest-africaines imposées en réponse au coup d'État du 26 juillet, les Nigériens tentent à tout prix d'éviter l'asphyxie.
Le Niger subit en premier lieu l'inflation, née des lourdes sanctions économiques et financières imposées le 30 juillet par la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), quatre jours après le coup d'État militaire qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum.
Depuis les sanctions, les populations se ruent vers le riz local, mais les usines -comme celles d'autres industries du pays- tournent au ralenti, subissant des délestages, suite à la suspension de la fourniture d'électricité par le Nigeria voisin qui a en outre fermé ses frontières avec le Niger, selon le ministère nigérien du Commerce.
Si les marchés regorgent encore de denrées, les effets du blocus se font surtout ressentir sur les stocks de médicaments, dont l'essentiel des commandes entrent par le port de Cotonou, au Bénin voisin, qui a également fermé ses frontières, et où transite 80% du fret nigérien.
Réseaux de contrebande
À la frontière avec le Bénin, des centaines de camions remplis de marchandises souhaitant entrer au Niger sont bloqués: le seul pont enjambant le fleuve Niger est coupé par de grands camions et des conteneurs.
Des embarcations de fortune font alors d'incessantes navettes illégales entre les deux rives pour acheminer passagers, marchandises et bétail.
Au Niger, des réseaux de contrebande, contrôlés par de puissants opérateurs, tentent d'assurer tant bien que mal l'approvisionnement de plusieurs régions de l'ouest et du sud, dont celles de Zinder et Maradi, limitrophes du Nigeria. Un habitant de Maradi:
Sur des motos, dans de petits véhicules, des contrebandiers font rentrer des quantités non-négligeables de produits essentiels.
Le régime militaire nigérien, limité par le gel des avoirs de la Banque centrale d'un pays producteur d'uranium, de pétrole et d'or, mise sur les ressources financières internes.
Fustigé par les pays occidentaux, dont la plupart ont coupé leur aide au développement, le régime militaire cherche d'autres alliés, notamment dans la région.