Crédit Photo : PIUS UTOMI EKPEI / AFP (Archive)
La station d'écoulement et l'usine de gaz de Belema, photographiée le 23 août 2017, a été fermée temporairement par Shell Petroleum Development Company (SPDC) suite à l'occupation continue de l'usine par la communauté Belema hôte dans le district d'Akuku Toru de l'État de Rivers.
Quarante organisations de la société civile, dont Amnesty International, ont appelé l'État nigérian, dans une lettre rendue publique lundi, à empêcher Shell de vendre sa filiale onshore dans le sud-est du pays, à cause selon elles du coût environnemental de l'opération.
Dans leur lettre au directeur de la Commission de régulation du secteur pétrolier amont (NUPCR) nigériane, les signataires lui demandent
"de refuser l'approbation réglementaire de la vente".
Ils estiment que la décision de Shell d'abandonner ses activités onshore dans le delta du Niger au sud-est du Nigeria se fera au détriment de l'environnement et des populations locales.
Shell ne devrait pas être autorisée à contourner la loi pour échapper à ses responsabilités concernant le nettoyage de la pollution généralisée qu'elle a laissée derrière elle.
Parmi les signataires de la lettre, en plus d'Amnesty International, figurent une trentaine d'organisations nigérianes mais aussi le Centre de recherche sur les entreprises multinationales (SOMO, Pays-Bas), ReCommon (Italie) et The Corner House (Royaume-Uni).
La major néerlando-britannique avait annoncé en janvier vendre sa filiale pétrolière dans le sud du pays au consortium Renaissance Africa Energy, composé de quatre sociétés pétrolières nigérianes et de la société pétrolière suisse active en Afrique Petrolin, pour un montant allant jusqu'à 2,4 milliards de dollars.
L'entreprise avait affirmé dans un communiqué qu'elle resterait
"un investisseur majeur dans le secteur de l'énergie du Nigeria"
grâce au forage en eaux profondes et à la production de gaz offshore.
"La vente de Shell ne devrait être autorisée que lorsque les communautés locales auront été pleinement consultées, la pollution environnementale causée à ce jour par Shell pleinement évaluée, et les fonds suffisants pour garantir les coûts de nettoyage déposés par Shell"
dans le delta du Niger, ont indiqué les ONG signataires de la lettre.
Shell n'a pas répondu dans l'immédiat aux demandes de commentaires.
Au Nigeria, Shell est régulièrement attaquée pour le coût environnemental de ses activités pétrolières.
En 2021, la Cour suprême britannique a autorisé des milliers de Nigérians à poursuivre le géant pétrolier au Royaume-Uni pour les dégâts sur l'environnement causés par des fuites d'or noir. Cette procédure est toujours en cours.
Shell avait été condamnée en 2022 par un tribunal néerlandais à verser 15 millions d'euros d'indemnisation à des fermiers nigérians pour des fuites de pétrole ayant gravement pollué trois villages dans le delta du Niger.
Selon un rapport publié l'an dernier par une commission mise en place par le gouvernement local de l'État de Bayelsa, la région du delta du Niger subit chaque année depuis 50 ans l'équivalent de la marée noire de l'Exxon Valdez, ce pétrolier qui avait provoqué en 1989 l'une des plus grandes catastrophes environnementales de l'histoire des États-Unis.
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