Alors qu'en Nouvelle-Calédonie, l'Etat d'urgence a été déclaré suite aux affrontements entre indépendantistes kanaks et forces de l'ordre, Paris accuse le renseignement turc d'être à l'origine du soulèvement des populations dénonçant la politique coloniale de la France.
"La main d'Ankara"
En effet, le raisonnement de la chaine du groupe Lagardère comprend un certain nombre de lacunes. Il "omet" de préciser que le 1er mars 2024 en Türkiye avait lieu le plus grand forum diplomatique au monde réunissant plusieurs milliers de diplomates, d'universitaires et de militants des Droits de l'Homme du monde entier.
Le journaliste "omet" également de dire que se faire payer le voyage par un pays tiers est une tradition pour les pays ou organisations pauvres. Il "omet" aussi de dire que le rapprochement entre l'Azerbaïdjan et les élus kanaks est lié à la présidence azerbaïdjanaise du mouvement des Non-Alignés. Mais surtout, il "omet" d'expliquer comment le gouvernement de Bakou aurait pu empêcher un ministre français de se rendre... sur un territoire français.
Le sentiment antifrançais, la faute de tout le monde sauf de la France
Et ce sentiment n'est ni la faute de Bakou, ni celle d'Ankara, ni celle de personne d'autre hormis le pouvoir français qui s'est accaparé ce territoire par la force et s'y est maintenu par la force depuis 1853.
Bolloré, bras armé de la propagande macronienne
Ce n'est pas la première fois que les média propriétés de Vincent Bolloré viennent en secours au pouvoir macroniste lorsque celui-ci est acculé.
A défaut de se remettre en question, le pouvoir français et son bras armé médiatique s'enfoncent dans le complotisme le plus irrationnel, accusant sans cesse les autres d'être la cause de leurs échecs. Après les musulmans responsables des problèmes de la société, c'est la Türkiye qui est responsable du soulèvement kanak.
Nous voulons bien croire que Vincent Bolloré soit frustré du fait que les entreprises turques raflent les marchés en Afrique francophone, géographie qu'il considérait alors comme son pré carré, et nous comprenons qu'il soit doublement frustré par le fait que les Africains sont plus satisfaits du travail des Turcs. Nous comprenons aussi que Matignon soit irrité par la visite d'Omayra Naysseline à Bakou en avril dernier.
Mais tout cela ne constitue pas un motif suffisant pour écorcher le nom de la Türkiye, par ailleurs troisième réseau diplomatique mondial dont les détracteurs feraient mieux de s'inspirer.