"Profilage racial" en France : l'interdiction de l'abaya par Attal suscite l'inquiétude de l'ONU

09:4513/01/2024, samedi
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Le Premier ministre français Gabriel Attal s'adressant aux élèves à côté de la ministre française de l'Éducation, des Sports et des Jeux olympiques Amélie Oudea-Castera lors d'une visite au collège Saint-Exupery, à Andrésy, au nord-ouest de Paris, le 12 janvier 2024.
Crédit Photo : ALAIN JOCARD / POOL / AFP
Le Premier ministre français Gabriel Attal s'adressant aux élèves à côté de la ministre française de l'Éducation, des Sports et des Jeux olympiques Amélie Oudea-Castera lors d'une visite au collège Saint-Exupery, à Andrésy, au nord-ouest de Paris, le 12 janvier 2024.

Gabriel Attal, récemment nommé Premier ministre de France, fait face à une vive critique de l'ONU pour sa décision d'interdire l'abaya dans les écoles françaises, les rapporteurs de l'organisation internationale jugeant que cette interdiction a ouvert la porte à la discrimination, "à des contrôles subjectifs et à du profilage racial en fonction de l'origine ethnique".

Cette mesure, présentée par l'ancien ministre de l'Éducation nationale comme un signe de sa position ferme sur la laïcité, est jugée préoccupante par six rapporteurs du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, selon une information révélée cette semaine par Mediapart.


Par voie d'un courrier publié par le média d'investigation, les rapporteurs de l'ONU ont exprimé leur inquiétude quant à cette interdiction. Ils estiment que la décision d'Attal, prise lorsqu'il était ministre de l'Éducation, ouvre la porte à des pratiques discriminatoires et arbitraires envers les élèves musulmanes.


Selon eux, cette mesure sanctionne
"de facto les filles qui refusent d'être jugées sur leur apparence et leur corps"
et peut conduire à une
"situation de discrimination et violence à leur égard".

Le courrier, daté du 27 octobre 2023, met en lumière les conséquences disproportionnées de cette mesure sur les élèves. Il note que l'interdiction, qui s'applique également aux qamis, a déjà affecté des centaines d'élèves depuis la rentrée scolaire de septembre 2023. Des incidents ont été rapportés où des élèves portant des vêtements non liés à l'abaya ont aussi été discriminés, rappelle l'auteur de l'article, David Perrotin.


Les avocats de l'association Action droits des musulmans (ADM), à l'origine de la saisine, soulignent dans le courrier des cas de
"préjugés sexistes et racistes"
et d'interrogatoires injustifiés. Ils dénoncent l'absence de recours légal pour protéger les droits des jeunes filles concernées.

Dans une réponse datée du 22 décembre 2023, le ministère de l'Éducation maintient sa position, affirmant que l'interdiction de l'abaya est en conformité avec la loi française. Toutefois, cette décision continue de susciter des débats et des procédures judiciaires sont en cours pour contester la légalité de cette interdiction.


Cet incident soulève des questions fondamentales sur le respect des libertés individuelles et religieuses dans le cadre de la laïcité en France. Alors que le gouvernement défend sa décision comme une mesure nécessaire pour préserver les principes républicains, les critiques de l'ONU et d'autres organisations mettent en évidence le risque de stigmatisation et de marginalisation des citoyens musulmans.
La tension entre la liberté religieuse et la laïcité reste un sujet sensible et complexe dans le débat public français.

Pour rappel, 298 élèves s'étaient présentées en abaya lors de la dernière rentrée scolaire en septembre, et 67 d'entre elles auraient refusé de la retirer et ont été renvoyées chez elles, selon les données du ministère de l'Éducation, repris par Mediapart.


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