Gabriel Attal, récemment nommé Premier ministre de France, fait face à une vive critique de l'ONU pour sa décision d'interdire l'abaya dans les écoles françaises, les rapporteurs de l'organisation internationale jugeant que cette interdiction a ouvert la porte à la discrimination, "à des contrôles subjectifs et à du profilage racial en fonction de l'origine ethnique".
Cette mesure, présentée par l'ancien ministre de l'Éducation nationale comme un signe de sa position ferme sur la laïcité, est jugée préoccupante par six rapporteurs du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, selon une information révélée cette semaine par Mediapart.
Par voie d'un courrier publié par le média d'investigation, les rapporteurs de l'ONU ont exprimé leur inquiétude quant à cette interdiction. Ils estiment que la décision d'Attal, prise lorsqu'il était ministre de l'Éducation, ouvre la porte à des pratiques discriminatoires et arbitraires envers les élèves musulmanes.
Le courrier, daté du 27 octobre 2023, met en lumière les conséquences disproportionnées de cette mesure sur les élèves. Il note que l'interdiction, qui s'applique également aux qamis, a déjà affecté des centaines d'élèves depuis la rentrée scolaire de septembre 2023. Des incidents ont été rapportés où des élèves portant des vêtements non liés à l'abaya ont aussi été discriminés, rappelle l'auteur de l'article, David Perrotin.
Dans une réponse datée du 22 décembre 2023, le ministère de l'Éducation maintient sa position, affirmant que l'interdiction de l'abaya est en conformité avec la loi française. Toutefois, cette décision continue de susciter des débats et des procédures judiciaires sont en cours pour contester la légalité de cette interdiction.
Pour rappel, 298 élèves s'étaient présentées en abaya lors de la dernière rentrée scolaire en septembre, et 67 d'entre elles auraient refusé de la retirer et ont été renvoyées chez elles, selon les données du ministère de l'Éducation, repris par Mediapart.