Questions multiples après la "tentative de coup d'Etat" en RDC

16:3720/05/2024, lundi
MAJ: 20/05/2024, lundi
AFP
La Garde républicaine congolaise et la police bloquent une route autour de la scène d'une tentative de coup d'État à Gombe, Kinshasa, le 19 mai 2024.
Crédit Photo : ARSENE MPIANA / AFP
La Garde républicaine congolaise et la police bloquent une route autour de la scène d'une tentative de coup d'État à Gombe, Kinshasa, le 19 mai 2024.

Au lendemain de la tentative de coup d'État que l'armée de la République démocratique du Congo dit avoir déjouée, les habitants de Kinshasa s'interrogent sur les intentions des présumés putschistes et la facilité avec laquelle ils ont pu accéder au palais de la Nation, au cœur du pouvoir.

Pourquoi ont-ils attaqué le domicile d'un ministre? Puis investi le palais de la Nation, un bâtiment vide la nuit, plutôt que la télévision nationale par exemple? Y a-t-il eu des complicités, en plus d'une défaillance des services de renseignement?


Que voulaient ces hommes exactement, cinq mois après la réélection du président Félix Tshisekedi, à la tête depuis 2019 de ce vaste pays d'Afrique centrale, au sous-sol très riche mais à la population majoritairement pauvre?

Le chef présumé des putschistes, Christian Malanga, un
"Congolais naturalisé américain"
selon les autorités, avant d'être abattu par les forces de sécurité qui ont mis fin à son aventure, s'était lancé tôt dimanche matin à l'intérieur du palais de la Nation:

Félix est tombé... Nous sommes vainqueurs.

Sur la vidéo qu'ils ont eux-mêmes filmée et postée sur les réseaux sociaux, les assaillants posaient devant un drapeau du Zaïre, nom de la RDC du temps de Mobutu Sese Seko, le dictateur renversé en 1997.

Malanga, un ancien militaire de 41 ans qui s'était lancé dans les affaires et la politique, fondateur d'un petit parti de la diaspora, criait aussi:


Vive le Zaïre, vive les enfants de Mobutu.

Avant le palais de la Nation, bâtiment historique abritant des bureaux de la présidence, situé au bord du fleuve Congo dans la commune huppée de la Gombe, les assaillants avaient attaqué non loin de là le domicile du ministre de l'Économie Vital Kamerhe, figure de la politique congolaise choisi par la coalition au pouvoir pour devenir président de l'Assemblée nationale.

Le ministre et sa famille n'ont pas été touchés, mais deux policiers affectés à leur protection ont été tués.


Selon le porte-parole de l'armée, le général Sylvain Ekenge, les auteurs de ce
"coup d'État étouffé dans l'œuf"
étaient une cinquantaine au total, dont plusieurs Américains (Malanga, son fils et
"deux Blancs")
et un Congolais
"naturalisé britannique".
Environ 40 ont été arrêtés et quatre tués.

"La vie est très dure"


"Je n'ai pas peur, car j'ai déjà vu plus que cette blague!",
déclare Maman Ndosi, vendeuse de pain et d'avocats, assise devant sa marchandise dans la commune de la Gombe, où les activités ont repris normalement lundi matin.

"Que les politiciens arrêtent de nous distraire, la vie est déjà très dure dans ce pays",
ajoute la mère de famille qui, comme beaucoup de Congolais, est très sceptique face aux informations officielles.

"Ils tentent de détourner notre attention des problèmes sociaux et de sécurité",
juge Joël, fonctionnaire.
"Je ne pense pas qu'en plein centre-ville de la capitale, des assaillants puissent prendre d'assaut la maison d'un ministre ou le palais de la Nation sans que les autorités ne soient informées",
lâche-t-il.

La tentative de coup d'État, qualifiée de
"tentative de déstabilisation des institutions"
par le gouvernement, a été condamnée notamment par la cheffe de la Mission de l'ONU en RDC (Monusco) et le président de la Commission de l'Union africaine, qui s'est félicité
"de la maîtrise de la situation"
par l'armée.

Les ambassadrices en RDC des États-Unis et de Grande-Bretagne, dans des messages sur X, ont également condamné cette tentative de coup de force, la diplomate américaine,
"préoccupée"
par la présence d'Américains parmi les assaillants, assurant les autorités de la
"coopération"
des États-Unis.

Ces événements ont lieu alors que des tiraillements politiques retardent la mise en place du gouvernement et que le pays est confronté dans sa partie est à une grave crise sécuritaire, une rébellion (le M23), soutenue par le Rwanda, occupant de vastes pans de la province du Nord-Kivu.


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