Quid de la mission de paix africaine en Russie et en Ukraine?

17:3917/06/2023, samedi
MAJ: 17/06/2023, samedi
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Le Premier ministre égyptien Mostafa Madbouly, le président sénégalais Macky Sall, le président des Comores Azali Assoumani, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le président sud-africain Cyril Ramaphosa et le président zambien Hakainde Hichilema tiennent une conférence de presse après leurs entretiens à Kiev. Crédit photo: Sergei SUPINSKY / AFP
Le Premier ministre égyptien Mostafa Madbouly, le président sénégalais Macky Sall, le président des Comores Azali Assoumani, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le président sud-africain Cyril Ramaphosa et le président zambien Hakainde Hichilema tiennent une conférence de presse après leurs entretiens à Kiev. Crédit photo: Sergei SUPINSKY / AFP

Bien que des milliers de kilomètres séparent l'Afrique de la Russie et de l'Ukraine, le continent a ressenti les effets économiques néfastes de la guerre qui sévit entre les deux pays.

Un groupe de dirigeants africains est arrivé en Pologne, jeudi, avant de rejoindre l'Ukraine et la Russie, dans le cadre d'une
"mission de paix africaine"
visant à persuader Moscou et Kiev que des négociations doivent être entamées pour mettre fin au conflit.

La mission est composée du président de l'Union africaine et président des Comores, Azali Assoumani, du président zambien Hakainde Hichilema, du président sénégalais Macky Sall et du président sud-africain Cyril Ramaphosa.


L'Égypte, le Congo et l'Ouganda ont également envoyé des représentants.


La délégation a été reçue, jeudi en fin de journée, par le président polonais qui a exposé le point de vue de son pays sur le conflit et s'est entretenu avec certains des dirigeants africains.


La délégation s'est rendue vendredi à Kiev, la capitale ukrainienne, pour s'entretenir avec le président Volodymyr Zelensky. Elle rencontrera le président russe Vladimir Poutine samedi.


Pourquoi cette mission de paix est-elle importante pour l'Afrique ?


De nombreux pays africains qui dépendent de la Russie et de l'Ukraine pour l'approvisionnement en céréales, en engrais et en huile végétale, sont confrontés à une pénurie de denrées alimentaires et à une flambée des prix et aspirent à un retour à la paix.


"L'impact négatif, tant sur le plan humain qu'économique, ainsi que les tensions résultant du conflit entre l'Ukraine et la Russie sont graves et nous affectent tous dans un monde où tout est interconnecté"
, a déclaré Ramaphosa, mercredi, à la veille de son voyage.

Il a ajouté que la mission apportait une perspective africaine et constituait un appui aux concertations sur la paix en cours dans diverses parties du monde.


Le professeur Lesiba Teffo, de l'université d'Afrique du Sud, partage l'avis du président Ramaphosa et estime que cette mission est une bonne initiative de la part des dirigeants africains.


"Il y a une crise. De nombreuses régions du monde et organisations tentent d'intervenir pour endiguer la guerre. Pourquoi les Africains n'interviendraient-ils pas pour aider à mettre fin au conflit ?"
, s’est-il interrogé.

Selon Teffo, la réussite ou l'échec de la mission est une autre question, car de nombreuses initiatives échouent, mais la mission place le continent sur la scène politique mondiale.


Il est préférable d'essayer et d'échouer, plutôt que d'échouer à essayer.

Dans un communiqué publié jeudi, Cyril Ramaphosa a déclaré que les dirigeants africains étaient satisfaits et encouragés par la disponibilité dont ont fait preuve Poutine et Zelensky pour s'entretenir avec eux sur la question.


Il a ajouté que la force de la mission réside dans le fait que les dirigeants africains dialogueront avec les deux parties.


D'après notre propre expérience, c'est en période d'escalade des conflits que la recherche de la paix doit être également accélérée.

L'Afrique réussira-t-elle là où d'autres ont échoué ?


Iqbal Jassat, directeur du groupe de réflexion Media Review Network, basé à Johannesburg, a déclaré à Anadolu que la démarche des dirigeants africains était
"purement symbolique et qu'il s'agissait d'une vaine initiative".

"Il est naïf de croire que les six dirigeants africains qui se rendent en Ukraine et en Russie, dans le but de servir de médiateurs pour la paix, réussiront à atteindre leurs objectifs"
, a-t-il déclaré.

Selon lui, l'OTAN et les États-Unis sont déterminés à régler leurs comptes avec Poutine par l'intermédiaire de Zelensky, leur mandataire présumé, et ont armé l'Ukraine au maximum de ses capacités.


Jassat a ajouté que la mission est ainsi entièrement dans l’erreur si ses membres croient que Zelensky est un acteur autonome dans le conflit.


Il estime en outre que les dirigeants africains n'ont pas d'antécédents solides en matière de règlement des conflits sur leur continent - conflits au Soudan, dans la région du Sahel, en Somalie, et nombreux coups d'État survenus en Afrique.


Selon Lesiba Teffo, l'Afrique s'efforce de résoudre certains conflits qui sévissent sur le continent, et cela ne devrait pas l'empêcher d'essayer de jouer un rôle de médiateur pour la paix ailleurs. Les conflits sur le continent semblent d'ailleurs être parrainés par des groupes extérieurs à l'Afrique, a-t-il déclaré.


"Pendant que les Africains se battent, d'autres expédient des minerais sur leurs continents pour se développer et envoient des dons à l'Afrique au titre de l'aide au développement"
, a-t-il déclaré, avant de conclure:
"Qui donne à l'Afrique des armes de guerre ?"

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