RDC: l'ex-premier ministre Augustin Matata se dit victime d'un "acharnement" politique

10:2922/06/2023, jeudi
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L'ancien Premier ministre du RDC, Augustin Matata Ponyo. Crédit Photo: FEDERICO SCOPPA / AFP
L'ancien Premier ministre du RDC, Augustin Matata Ponyo. Crédit Photo: FEDERICO SCOPPA / AFP

Augustin Matata Ponyo Mapon, ancien Premier ministre et figure de l'opposition en RDC, a dénoncé une persécution politique visant à l'exclure de la prochaine élection présidentielle, suite à la relance des poursuites judiciaires à son encontre dans une affaire de détournement de fonds publics.

L’opposant et ancien premier ministre de la République démocratique du Congo (RDC), Augustin Matata Ponyo Mapon a dénoncé, ce mercredi à Kinshasa, un
"acharnement"
politique visant à l’écarter de la présidentielle de décembre prochain, après que le procureur général près la Cour constitutionnelle a relancé des poursuites judiciaires à son encontre dans une affaire de détournement de fonds publics destinés à lancer un parc agro-industriel.

L’affaire remonte à 2014 lorsque Augustin Matata était premier ministre (2012-2016). Quatre ans après son départ de la primature, l'Inspection générale des Finances (IGF) avait conclu après une enquête que 205 millions de dollars sur 285 millions décaissés par le Trésor public pour le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, situé à 250 km au sud-est de Kinshasa, avaient été détournés.


Matata Ponyo Mapon avait contesté le rapport de l’IFG et clamé son innocence.

Lors d’une conférence de presse tenue mercredi à Kinshasa, l’opposant, aujourd’hui sénateur et candidat déclaré à la présidentielle prévue le 20 décembre prochain en RDC, a dénoncé une
"affaire politique"
et un
"acharnement"
visant à l’écarter de la course à la magistrature suprême.

L’affaire éclabousse l’appareil judiciaire. Le procès d’Augustin Matata pour détournement de fonds publics s'était d’abord ouvert en mai 2021 devant la Cour constitutionnelle, qui s'était déclarée
"incompétente"
pour le juger.

Le dossier avait été repris par la Cour de cassation qui juge les députés, sénateurs, et membres du gouvernement. Cette haute juridiction s’était aussi déclarée incompétente. L’affaire avait été close.


Le procureur général près la Cour constitutionnelle, Jean-Paul Mukolo, avait saisi le Sénat, qui a relancé l’affaire.


Mukolo a obtenu le feu vert du président du Sénat, Modeste Bahati, qui lui a rappelé que le sénateur Matata n’était pas couvert par l’immunité depuis 2021 et qu’il est toujours à la disposition de la justice.


"C’est un scandale. La Constitution dit qu’on ne peut pas juger un ancien président et un ancien premier ministre pour des faits commis pendant sa gestion
(mandat)
"
, a déclaré Augustin Matata.

"La hantise aujourd’hui c’est comment on va m’éliminer de la course. Le Sénat et la Cour constitutionnelle sont instrumentalisés pour m’éliminer de la course à la présidentielle au profit du candidat au pouvoir"
, a ajouté Augustin Matata pointant une forme de
"gangstérisme"
dans les hautes institutions de l’État pour éliminer certains candidats de la course à la magistrature suprême.

En réponse à une question d’Anadolu, l’opposant a déclaré qu’il n’avait pas peur
"de comparaître devant la justice mais cela doit être fait conformément à la loi"
. Il a soutenu que le dossier est un
"règlement de compte pour avoir refusé d'adhérer à l'Union sacrée
(La coalition politique du président Félix Tshisekedi)
et pour avoir déclaré ma candidature"
.

La situation politique en RDC est de plus en plus tendue à six mois de la présidentielle.


L’opposition accuse le président Félix Tshisekedi, 60 ans, ancien opposant à Joseph Kabila, de contrôler la Cour constitutionnelle et la centrale électorale dont la désignation de son président (Dénis Kadima) a été vivement contestée par les principales confessions religieuses, l’opposition et une partie de la société civile.


L’opposant Martin Fayulu, qui avait revendiqué la victoire à l'élection présidentielle de 2018 en RDC avait annoncé, lundi, boycotter, ainsi que son parti, le processus électoral en cours à six mois des élections générales prévues le 20 décembre.


Fustigeant le manque de transparence dans le processus depuis la constitution des membres du bureau de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) et l’opération de recensement des électeurs, l’opposant a claqué la porte.


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