Crédit Photo : STR / KCNA VIA KNS / AFP
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un prononçant un discours lors d'une visite à l'Académie des sciences de la défense nationale pour célébrer son 60e anniversaire à Pyongyang, le 29 mai 2024.
Tentative ratée de lancer un satellite-espion, envoi vers la Corée du Sud de ballons pleins d'immondices, tir de missiles balistiques à courte portée: la Corée du Nord a eu une semaine bien occupée.
Quelles causes immédiates?
Pour les experts, cette série d'actions peut être considérée comme une réaction du régime de Kim Jong Un au sommet tripartite entre la Corée du Sud, le Japon et la Chine lundi à Séoul.
Ils ont réaffirmé durant cette rencontre, organisée pour la première fois depuis près de cinq ans, leur engagement en faveur d'une
"dénucléarisation de la péninsule coréenne"
. Une formule standard utilisée de longue date par les trois pays y compris la Chine, alliée diplomatique et partenaire commercial de Pyongyang.
Kim Jong Un lui-même, lors d'une rencontre historique en 2018 à Singapour avec le président américain de l'époque Donald Trump, avait signé une déclaration commune s'engageant à travailler en faveur
"d'une complète dénucléarisation de la péninsule coréenne"
.
L'ex-président sud-coréen Moon Jae-in, au pouvoir de 2017 à 2022, a écrit récemment dans son autobiographie que Kim Jong Un semblait
dans son offre de dénucléarisation. Il était toutefois
"bien conscient de la méfiance de la communauté internationale et du fait que les Etats-Unis étaient convaincus que le Nord mentait"
.
Cette volonté de rapprochement a tourné au vinaigre après l'échec du deuxième sommet Trump-Kim à Hanoï en 2019.
Depuis, la Corée du Nord a déclaré
dans une nouvelle loi en 2022 son statut de puissance nucléaire inscrit dans sa Constitution depuis 2012. Ce nouveau statut a été formellement intégré en 2023 dans la Constitution nord-coréenne.
La loi précisait également la structure du commandement et du contrôle des armes nucléaires du pays, avec M. Kim au sommet, et consacrait le droit du pays à effectuer des frappes préemptives
en cas de menace.
Un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères, cité cette semaine par l'agence officielle KCNA, a estimé que l'évocation de la dénucléarisation pendant le sommet de Séoul constituait une
"grave provocation politique"
qui violait
"la position constitutionnelle"
de la Corée du Nord "en tant qu' Etat doté de l'arme nucléaire".
La Corée du Nord cherche à montrer son
"malaise vis-à-vis de la Chine"
pour avoir permis que la dénucléarisation soit incluse dans la déclaration commune avec le Japon et la Corée du Sud, déclare à l'AFP Yang Moo-jin, président de l'Université des études nord-coréennes de Séoul.
La Chine, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, a condamné les essais nucléaires de Pyongyang et soutenu les sanctions visant à freiner le développement de son armement.
Mais au fur et à mesure que ses liens avec les Etats-Unis se détérioraient, elle a de plus en plus contré les efforts en vue de renforcer ces sanctions tout en accusant les manœuvres militaires conjointes américano-sud-coréennes d'être à l'origine de l'escalade des tensions dans la région.
Néanmoins, Pyongyang
"pourrait avoir été déçu de la position de Pékin"
lors du sommet de cette semaine, poursuit M. Yang, ajoutant que Kim Jung Un pourrait avoir l'impression que
"la Chine a été trop -passive- et ne faisait donc pas assez"
pour son alliée.
Et les ballons d'immondices?
Mardi soir, Pyongyang a envoyé vers le Sud des ballons remplis de déchets, de papier toilette et d'excréments présumés d'animaux, une action que l'armée sud-coréenne a jugée
. Les photos ont été largement partagées mercredi par les médias sud-coréens.
Kim Yo Jong, soeur de Kim Jong Un et l'une des principales porte-parole de son régime, a confirmé l'opération en se moquant de la réaction de Séoul:
"nous avons essayé quelque chose qu'ils ont toujours fait"
.
Des militants sud-coréens envoient de longue date vers le Nord des ballons transportant des tracts de propagande contre le pouvoir nord-coréen, de l'argent et même des clés USB avec des fictions télévisées, suscitant l'ire de Pyongyang.
La Corée du Nord se rapproche de plus en plus de la Russie, selon Kim Dong-yup, professeur à l'Université des études nord-coréennes.
Dans sa tentative ratée lundi de lancer un satellite espion, Pyongyang a, selon lui, utilisé
"de nouvelles technologies, telles que l'oxygène liquéfié et le kérosène, principalement utilisées par la Russie"
.
Séoul accuse Pyongyang de fournir des armes aux forces russes pour leur guerre en Ukraine en échange de technologies spatiales, violant les sanctions des Nations unies.
La Chine pourrait se rapprocher de la Corée du Sud si Donald Trump est réélu à la Maison Blanche en fin d'année, pointe Lee Dong-gyu, chercheur à l'Institut Asan de Séoul. Des failles pourraient alors apparaître dans l'alliance Séoul-Washington et la Chine pourrait en profiter pour
"étendre son influence à la Corée du Sud"
.
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