Sommet d’Alaska: ce que l’Ukraine attend des discussions Trump-Poutine

14:5915/08/2025, vendredi
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Des journalistes travaillent près d'une entrée de la base militaire commune Elmendorf-Richardson à Anchorage, en Alaska, le 14 août 2025, à la veille de la rencontre prévue le 15 août entre le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine.
Crédit Photo : Drew ANGERER / AFP
Des journalistes travaillent près d'une entrée de la base militaire commune Elmendorf-Richardson à Anchorage, en Alaska, le 14 août 2025, à la veille de la rencontre prévue le 15 août entre le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine.

Une nouvelle phase, potentiellement décisive, des négociations pour mettre fin à la guerre en Ukraine s’ouvre vendredi, lorsque Donald Trump rencontrera Vladimir Poutine en Alaska.

Il s’agit de la première rencontre en face à face entre les présidents américain et russe depuis le début du conflit, il y a plus de trois ans.


Cette réunion, organisée sur la base militaire conjointe Elmendorf-Richardson à Anchorage, marque également les premiers pourparlers directs entre des présidents en exercice des deux pays depuis juin 2021, date à laquelle Joe Biden avait rencontré Vladimir Poutine à Genève. La dernière rencontre bilatérale Trump-Poutine remonte, elle, au sommet du G20 d’Osaka en 2019.

Fait notable, le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy ne participera pas à ce sommet. Donald Trump a indiqué qu’il pourrait l’appeler pour un échange ultérieur, selon les résultats de la rencontre. Ce format sans tiers-parties inquiète Kyiv.


La réunion d’Alaska intervient après trois cycles récents de négociations directes entre Moscou et Kyiv à Istanbul – les 16 mai, 2 juin et 23 juillet – qui ont permis d’importants échanges de prisonniers et la rédaction de projets de mémorandums pour un futur accord de paix.


Cinq principes communs


En amont du sommet, Volodymyr Zelenskyy a multiplié les échanges diplomatiques avec les États-Unis et les alliés européens. Lors d’une conférence de presse à Berlin, aux côtés du chancelier allemand Friedrich Merz, il a exposé cinq principes partagés pour mettre fin au conflit, avec comme priorité absolue un cessez-le-feu immédiat.

Kyiv exige que toute discussion substantielle avec la Russie débute seulement après la fin des hostilités. Le président ukrainien insiste également sur des garanties de sécurité fiables, affirmant que Donald Trump a soutenu cette idée lors d’une visioconférence et que Washington se dit prêt à y contribuer.


Sur les questions territoriales, Zelenskyy réaffirme que ces sujets
"ne peuvent être discutés qu’avec l’Ukraine"
et rejette tout retrait de ses forces des zones actuellement sous contrôle russe. Il réitère aussi que Moscou ne doit pas avoir de droit de veto sur les ambitions ukrainiennes d’adhésion à l’OTAN ou à l’Union européenne.

Enfin, il propose un futur format trilatéral Trump-Poutine-Zelenskyy et appelle à un renforcement des sanctions si Moscou refuse le cessez-le-feu en Alaska.


Des attentes limitées à Kyiv


Malgré ces préparatifs, les attentes ukrainiennes restent prudentes.
"L’Ukraine espère que cette rencontre sera une étape vers une solution de paix, mais les attentes restent faibles
", explique Maksym Skrypchenko, président du think tank Transatlantic Dialogue Center. Selon lui, la stratégie de Vladimir Poutine consiste à prolonger le conflit par des pourparlers
"sans fin et improductifs"
, et Donald Trump doit se méfier de ces tactiques.

Skrypchenko souligne que les intérêts américains primeront pour Donald Trump, pouvant mener à des accords bilatéraux avec Moscou dans les domaines diplomatique, économique ou nucléaire, sans intégration directe de l’Ukraine.

Un rôle européen crucial


L’expert insiste sur l’importance de l’Union européenne, principal soutien financier et militaire de Kyiv. Bien que Moscou méprise l’Europe, cette dernière doit être présente aux discussions, le conflit se jouant à ses frontières.


Mardi, tous les États membres de l’UE sauf la Hongrie ont soutenu une déclaration commune saluant l’initiative américaine, tout en rappelant que tout accord doit préserver la souveraineté ukrainienne et la sécurité du continent.

La coalition emmenée par l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni a réitéré que « les frontières internationales ne peuvent être modifiées par la force ». Pour Skrypchenko, l’adhésion future de l’Ukraine à l’UE rend les discussions d’Alaska directement liées aux priorités européennes, qu’il s’agisse de la reconstruction, de l’aide humanitaire ou de la gestion des réfugiés.


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