Tunisie: l’UGTT dénonce "les arrestations arbitraires" et "les affaires montées de toutes pièces"

12:0016/02/2023, jeudi
MAJ: 16/02/2023, jeudi
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L’Union générale tunisienne du travail a indiqué que ces pratiques visent à "occulter l'échec des politiques gouvernementales", et a appeler les syndicalistes à "poursuivre la mobilisation" pour défendre les droits des Tunisiens

L'Union générale tunisienne du travail (UGTT - la plus grande organisation syndicale du pays) a dénoncé ce mercredi ce qu'elle a qualifié de campagne
"d'arrestations arbitraires"
et d’affaires montées de toutes pièces "
visant à "occulter l'échec des politiques gouvernementales".

Depuis la journée du samedi, les forces de l’ordre ont procédé aux arrestations de chefs de partis, des juges, des personnalités des médias et d’un homme d'affaires, dans le cadre d'une crise politique aiguë que la Tunisie traverse depuis l’imposition des mesures d’exception par le président tunisien, Kaïs Saïed, le 25 juillet 2021.


L’UGTT a fait savoir, dans un communiqué que son bureau exécutif
"a suivi le dossier des atteintes aux libertés et au droit syndical, et a étudié la situation générale, dont notamment la situation sociale qui se détériore, et l'escalade des tensions à tous les niveaux, l'exacerbation de la crise économique et l'aggravation de la situation sociale déjà détériorée".

Le syndicat tunisien a également dénoncé les
"nombreuses campagnes d'arrestations arbitraires et les violations de la loi qui les ont entachées",
ainsi que
"les attaques menées par le pouvoir contre des syndicalistes durant l'exercice de leur droit syndical, notamment le droit d'expression et le droit de grève, que ce soit par des arrestations ou par l’instruction d'affaires malveillantes"
, selon le communiqué.

Soulignant la nécessité de déterminer les
"réelles responsabilités
", le syndicat a déclaré que cela doit avoir lieu
"sur la base du respect de la loi, de la garantie du droit à un procès équitable et transparent et du refus de régler des comptes politiques en employant la justice et en commettant des abus contre les opposants".

L’UGTT a estimé que ces pratiques visent à
"distraire l'opinion publique de ses vrais problèmes, notamment les problèmes de vie chère, d’emploi, de l'avenir des jeunes et d’occulter l'échec des politiques gouvernementales".

L’Union générale tunisienne du travail a appelé les syndicalistes à "
continuer à se mobiliser et à se préparer pour défendre le droit des femmes et des hommes tunisiens à une vie et un travail dignes".

Le 3 février dernier, l’UGTT a décidé de mettre en place une série de grèves dans divers secteurs, en signe de refus du "
ciblage du travail syndical et de la situation économique
(détériorée)
du pays".

Cette décision a été prise sur fond de mandat de dépôt contre le secrétaire général du Syndicat de la Société Tunisie Autoroutes, Anis Kaabi, suite aux accusations d’exploitation de la qualité d’un fonctionnaire public pour porter préjudice à l'administration et faire obstacle à l’exercice du service public, par démission collective, et ce, parce qu'il avait appelé à une grève pour faire entendre des revendications sociales.


Lors de sa visite dans une caserne militaire vers la fin du mois de janvier, le président Saïed a déclaré que
"le droit syndical est garanti par la Constitution, mais il ne peut être détourné pour atteindre des objectifs politiques".

Commentant les nouvelles arrestations, Saïed a déclaré, au soir de ce mardi, que certaines personnes récemment arrêtées
"sont impliquées dans un complot contre la sûreté de l'Etat
(...)
et sont à l'origine des crises liées à la distribution des biens et à la hausse des prix".

Contrairement à l'accent qu'il met sur l'indépendance du pouvoir judiciaire, l'opposition affirme que Saïed utilise ce pouvoir pour poursuivre ceux qui rejettent ses mesures d’exception, et ce, après avoir dissous du Conseil supérieur de la magistrature et le Parlement, promulgué les lois par décret présidentiel, organisé des élections législatives anticipées le 17 décembre 2022 et l'adoption d'une nouvelle Constitution par référendum le 25 juillet dernier.


Certains mouvements politiques en Tunisie considèrent ces mesures comme une
"consécration du pouvoir individuel autocratique"
, alors que d'autres formations politiques y voient une
"restauration du processus de la révolution de 2011"
, qui a renversé le président de l'époque, Zine el-Abidine Ben Ali (1987-2011).

Le président Saïed, qui a entamé son quinquennat en 2019, a déclaré que ses décisions relatives aux mesures d'exception, ont été prises dans le cadre de la Constitution pour protéger l'État
"d'un péril imminent",
mettant l'accent sur la préservation des droits et des libertés.

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