Le bateau "Miracle de Dieu" a quitté Kinshasa et remonte lentement le fleuve Congo. À bord, des passagers disputent l'espace aux marchandises et jouent aux dames pour tuer le temps, en espérant éviter les trop fréquentes avaries et collisions.
C'est le temps plus ou moins habituel, si l'on compte une panne de moteur en route et quelques épisodes de pluie tropicale. Selon l'équipage, lors du précédent voyage, un accident avait fait deux morts, lorsqu'une amarre avait lâché et fauché violemment des passagers.
Eric Ndungu, un commerçant de 41 ans, marié et père de cinq enfants, a failli perdre la vie en novembre dernier, quand la baleinière en bois dans laquelle il voyageait est entrée en collision avec une autre, venue du Congo-Brazzaville. L'accident a fait au moins 48 morts, dit-il.
Chaque année, Eric effectue pour son commerce trois voyages aller-retour entre Kinshasa et la province de la Mongala, en amont de l'Équateur. Pour sa sécurité, il a opté cette fois pour un bateau métallique, même s'il est un peu plus cher.
Le luxe, c'est d'avoir une place chez le capitaine, le gérant ou les matelots. Et ceux qui ont loué un espace d'une quelconque manière font des tours pour dormir, en espérant constater en se réveillant que la baleinière a fait du chemin.
Zéro pour cent de confort
Je m'assois à même le sol et je dors dans les mêmes conditions, à la belle étoile, exposé aux intempéries. Parfois, je trouve refuge dans une pirogue accrochée à la baleinière.
Là, affirment les voyageurs, le confort était assuré, il y avait des chambres pour deux personnes, chaque barge avait un restaurant...
Sur le Miracle de Dieu, comme sur les autres bateaux, chacun se débrouille avec ses provisions.