La rivière marque sur 44 kilomètres la frontière entre la France et la Suisse. Mais dans le village français de Villers-le-Lac, le Doubs n'est plus qu'une rigole qui continue à s'assécher, au grand désespoir des habitants.
Depuis début juillet, la majestueuse rivière a pris la forme d'une vaste étendue de vase et de hautes herbes où gisent, grotesques, barques et pontons inutiles. En ce début octobre, le retour du Doubs n'est toujours pas en vue, faute de précipitations.
C'est des choses qu'on voyait tous les quatre ou cinq ans, mais pas à ce point-là.
Le lac qui donne son nom au village n'est plus qu'un souvenir. Sur ses rives, on croirait pouvoir gagner la Suisse à pied sec à travers les hautes herbes.
Pertes en sous-sol
Le mois de septembre a été le plus chaud depuis 1947, note Cédric Hertzog, chef prévisionniste pour Météo France dans le Grand Est. Et dans le département du Doubs, le déficit pluviométrique atteint entre 10% et 15% sur l'année météorologique qui s'achève le 31 août.
Il manque un mois de pluie.
En plus de la sécheresse, le Doubs se vide par le sous-sol vers une rivière voisine.
La disparition de la rivière est une catastrophe pour les activités touristiques, comme la Base nautique installée au bord du lac.
Mais c'est encore pire, encore plus bas.
A l'été 2022, le niveau de la rivière était remonté dès début septembre, se souvient Antoine Michel, qui assure des croisières fluviales pour le compte des Vedettes panoramiques du Saut du Doubs.
A cause du manque d'eau, la compagnie a dû renoncer à embarquer ses passagers à Villers. Elle les transporte en autocar sept kilomètres plus bas jusqu'aux Bassins du Doubs, en fait une gorge profonde où ce qui reste d'eau finit de s'évaporer.
"On voulait pas y croire"
Le niveau de l'eau est tombé à 11 mètres au-dessous de la moyenne. Côté suisse, un pêcheur descend péniblement à travers les rochers pour tenter de gagner la rive. Des troncs d'arbres arrachés, laissés délibérément la tête en bas pour servir d'abris à poissons, sont entièrement à sec.