En France, poursuivant une série ininterrompue de presque deux ans de moyennes mensuelles au-dessus des normales, septembre 2023 va se terminer
au-dessus de la période de référence 1991-2020,
"avec une température moyenne de 21,5°C"
environ, a annoncé le service de météorologie et de climatologie français Météo-France vendredi lors d'un point de presse.
Le constat est similaire pour septembre...
-En Allemagne- 3,9 degrés de plus que la période de référence 1961-1990, selon le service météorologique national DWD;
-En Pologne- 3,6°C au-dessus des normales, selon l'institut IMiGW;
-En Suisse- 3,8°C au-dessus de la norme 1991-2020;
-Et en Autriche- 3,2°C au-dessus de 1991-2020 dans les plaines, et 4,2°C dans les montagnes, selon l'institut GeoSphere Austria.
Ces observations rejoignent celles de toute la planète, en route pour battre en 2023 le record annuel de température. Après avoir déjà enregistré le trimestre le plus chaud de l'Histoire lors de l'été boréal (juin-juillet-août), le monde constate les effets du changement climatique causé par l'humanité et renforcé ces derniers mois par le retour, au-dessus du Pacifique, du phénomène cyclique El Nino, synonyme de réchauffement supplémentaire.
Inédite, la situation s'accompagne de son cortège de catastrophes de plus en plus intenses: canicules, sécheresses, inondations ou incendies ont frappé tous les continents sur cette période, dans des proportions souvent dramatiques, avec leur prix en vies humaines et en dégâts sur les économies et l'environnement.
Face à cette "mécanique implacable" du réchauffement, on
"n'a pas encore vraiment pris la mesure du caractère profondément structurel du changement climatique, notamment le fait que jusqu'à ce qu'on atteigne la neutralité carbone, les records de chaleur allaient être battus systématiquement semaine après semaine, mois après mois, année après année"
, a déclaré le politologue et chercheur belge François Gemenne, auteur dans le dernier rapport du Giec, à deux mois d'une conférence climat de l'ONU décisive.
Lors de cette COP28, à Dubaï, le thème de la sortie des énergies fossiles sera au coeur d'âpres négociations entre les pays du monde entier, incapables à ce jour de concilier les exigences de l'Accord de Paris pour limiter le réchauffement global (si possible à 1,5°C depuis l'ère industrielle) et d'assurer les aspirations au développement de toute l'humanité.
En France, septembre 2023, qui avait débuté par une canicule tardive exceptionnelle, va ainsi effacer les précédents records de 1949 et 1961 dans les archives nationales qui remontent jusqu'en 1900.
"Seulement deux mois ont terminé avec une anomalie thermique aussi chaude: février 1990 (+4,0°C) et août 2003 (+3,7°C)"
, souligne Météo-France dans son bilan.
Ce mois de septembre s'inscrit surtout dans une série ininterrompue de 20 mois au-dessus des normales de saison, référentiel calculé en météorologie sur les trois dernières décennies et qui ne cesse donc d'augmenter avec l'accumulation des gaz à effet de serre.
Désormais, les records de chaleur moyenne mensuels en France ont tous été établis lors d'années récentes, après 1990.
"Le changement climatique favorise une extension des vagues de chaleur vers (...) le printemps et vers le mois de septembre, voire début octobre"
comme prévu par les modélisations des experts du climat de l'ONU (Giec), a expliqué la climatologue Christine Berne lors du point de presse.
Cette configuration, fruit des émissions de gaz à effet de serre essentiellement issues du recours aux combustibles fossiles par l'humanité, s'est cumulée cette fois à un phénomène météorologique de remontée d'air chaud du Sahara en Europe, comme en 1949 et 1961.
Les températures de septembre 2023 sont ainsi
"légèrement supérieures aux moyennes de juillet et d'août en France"
sur la période 1991-2020, pourtant déjà marquée par les effets du réchauffement climatique.
Ce dernier cause une élévation des températures plus forte en Europe qu'au niveau mondial. Alors que le climat mondial est désormais environ 1,2°C plus chaud qu'avant l'ère industrielle, la hausse est estimée à 1,8°C en France.
En 2023, l'été s'est inscrit comme le quatrième le plus chaud en France métropolitaine, non loin derrière les précédents records et marqué par une canicule tardive hors du commun fin août.
Septembre a ensuite commencé par une séquence extrêmement chaude et tardive du 3 au 11, dépassant régulièrement les 35-37°C dans certaines régions. Et le mois d'octobre sera également extraordinaire: il pourrait faire 35°C dimanche dans le sud-ouest de la France.
La péninsule ibérique n'est pas en reste avec un pic attendu entre vendredi et lundi: le thermomètre devrait atteindre de 32 à 34 degrés dans une bonne partie de l'Espagne, dépassant les normales de 5 à 15 degrés.
La température sera de 30°C sur l'ensemble du Portugal à l'exception de quelques régions côtières, soit entre environ 5 et 8°C au-dessus des niveaux moyens.