
Le premier championnat national de football indigène s'est tenu à Brasilia, rassemblant 92 équipes issues de 300 ethnies autochtones du Brésil. Plus qu’un événement sportif, ce tournoi est devenu une tribune politique pour ces peuples, qui défendent leurs territoires menacés par la déforestation et l’orpaillage. À quelques mois de la COP30 à Belem, les participants ont mêlé danses rituelles et revendications, réclamant notamment l’homologation de nouvelles terres. Le trophée porte le nom de Galdino Jesus dos Santos, victime d’un crime raciste en 1997, incarnant la mémoire et la résistance autochtone.
Coiffes de plumes, colliers, peintures corporelles et danse traditionnelle: ce rituel n’a pas lieu en Amazonie, mais sur le terrain central d’un stade à Brasilia, à l’occasion du premier championnat national de football indigène.
La passion du Brésil pour le football n’échappe pas aux communautés autochtones. Le pays, dont l'un de ses footballeurs les plus légendaires, Garrincha, double champion du monde en 1958 et 1962, était issu du peuple Fulni-ô, montre que le football fait partie intégrante de la culture indigène.
Les experts soulignent leur rôle clé dans la lutte contre le réchauffement climatique, notamment en préservant leurs territoires menacés par l’orpaillage et la déforestation.
Pour ce premier tournoi national, les organisateurs ont dû repérer des talents dans les villages les plus isolés. Le Brésil compte 1,7 million d'autochtones répartis sur 300 ethnies. En tout, 92 équipes ont été formées, avec 2 700 joueurs participant d’abord aux qualifications régionales en 2023, avant que les meilleurs ne se retrouvent ce week-end à Brasilia.
"La force des ancêtres"
Les cinq équipes finalistes s’affrontent au stade Valmir Campelo Bezerra, surnommé "Bezerrao", une enceinte de 20 000 places qui a déjà accueilli des entraînements de la Seleção brésilienne.
Avant chaque match, les joueurs prennent part à une cérémonie rituelle, chantant et dansant au rythme des tambours et des maracas.
Les matches, qui mettent en scène des joueurs souvent trentenaires, sont retransmis en direct sur internet, permettant ainsi une large diffusion.
"Énergie positive"
La finale du tournoi se déroule à Brasilia, au moment même où la capitale brésilienne accueille le rassemblement annuel "Terre libre". Des milliers d'indigènes manifestent devant le Parlement, revendiquant une place équivalente à celle des chefs d’État à la COP30, qui se tiendra à Belem en novembre. Ils demandent également la poursuite de l’homologation des terres indigènes, un processus relancé depuis l’élection du président de gauche Luiz Inácio Lula da Silva en 2023, après avoir été suspendu sous le mandat de Jair Bolsonaro (2019-2022).
Le trophée du tournoi porte un nom symbolique: celui de Galdino Jesus dos Santos, membre du peuple Kariri-Sapuyá, brûlé vif en 1997 à Brasilia par cinq jeunes dans un crime raciste qui avait choqué le pays.