La possible nomination du président du parti d'extrême droite Rassemblement National (RN), Jordan Bardella, au poste de Premier ministre après les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet 2024 interpelle les milieux organisateurs des JO 2024.
À un mois des JO de Paris, la crise politique en France, déclenchée par la dissolution de l'Assemblée et les élections législatives, perturbe l'organisation de l'événement.
En décidant de dissoudre l'Assemblée, à la suite d'une claque électorale pour le camp présidentiel et près de 40 % de voix à des partis d'extrême droite, Emmanuel Macron a lancé une élection à haut risque juste avant une édition olympique, une situation inédite selon les spécialistes.
La maire PS de la ville hôte, Anne Hidalgo, a qualifié cette décision prise avant les JO d'
"extrêmement troublante"
. Car autant à droite qu'à gauche, dans les collectivités et au gouvernement, c'est l'union sacrée autour des JO qui prime depuis plusieurs années.
"Protéger les JO des turbulences politiques"
"Protéger les JO des turbulences politiques"
Bien consciente du risque d'envoyer les Français aux urnes trois semaines avant les JO, dans une France fracturée et avec un scénario possible qu'elle soit ingouvernable, la présidente LR de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a carrément appelé à
"une trêve olympique".
À la tête de l'organisation des transports (IDFM), enjeu crucial des Jeux, elle a sommé ses troupes
"de montrer une unité nationale autour de ces Jeux et de les protéger des turbulences politiques".
Candidate de la droite lors de la dernière présidentielle, elle voit actuellement son parti se déchirer car son président a décidé d'une alliance avec le Rassemblement national (RN).
Alors que le président du CIO, Thomas Bach, répète
"pas d'inquiétude"
depuis quinze jours, les JO se retrouvent projetés dans l'arène politique.
Et deviennent même un argument électoral pour Emmanuel Macron, pour qui les Français vont les
"intégrer dans leur choix".
Prétendant à Matignon, le président du RN, Jordan Bardella, a rétorqué qu'il ne changerait rien à leur organisation s'il venait au pouvoir.
En réalité, les Français commençaient tout juste à s'intéresser à la chose olympique, notamment depuis l'arrivée de la flamme olympique à Marseille le 8 mai dernier.
Le boss des JO, Tony Estanguet, encaisse et se veut rassurant en expliquant que
"les principales décisions"
ont déjà été prises. Reste que le VRP en chef des Jeux voit l'avant-JO complètement grignoté par une campagne électorale et ses nerfs de champion mis à rude épreuve.
"Estanguet, lui, n'a pas d'élection, les calendriers ne sont pas les mêmes",
a coutume de dire son entourage pour expliquer une certaine défiance de l'ancien céiste envers les élus. Les calendriers sont en train de se télescoper.
"Il doit être vert",
glissent plusieurs sources de l'écosystème olympique.
JO de 1936: une inquiétude grandissante
JO de 1936: une inquiétude grandissante
C'est surtout l'après-deuxième tour qui inquiète.
"Si le 8 juillet c'est Bardella, ce sera la sidération",
explique une source politique. Qui sera aux manettes le soir de la cérémonie d'ouverture sur la Seine le 26 juillet, assis avec tous les chefs d'État étrangers? Où sera le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui a passé des heures à préparer la sécurisation de cet évènement? Pas au gouvernement en cas de défaite de la majorité présidentielle, a-t-il déjà prévenu.
"Il y a clairement des questions qui se posent si le RN l'emporte"
, explique une source policière, craignant des affrontements urbains.
Poche de résistance au RN, qui y a fait moins de 10 %, Paris
"est une ville d'espérance",
a expliqué Anne Hidalgo.
"Venez, c'est un endroit où on va continuer à respirer"
, a-t-elle lancé pour répondre à ceux
"qui s'inquiètent pour la situation française".
La trêve olympique, très peu pour l'ancien champion Guy Drut.
Membre du CIO, et ancien ministre des Sports sous Jacques Chirac, il assure qu'
"il n'y avait aucune raison que ça se passe mal avec un gouvernement RN"
, se disant partisan d'une alliance entre LR et le RN.
"Les Jeux olympiques vont bien se passer. Les attentats à Munich en 1972 n'ont pas empêché les Jeux de se dérouler"
, a-t-il même dit au Monde.
"Les propos de Guy Drut n'engagent que lui-même"
, a réagi le comité d'organisation. Cette sortie a aussi indigné la ministre des JO, Amélie Oudéa-Castéra, qui pourrait ne plus être ministre quand les Jeux commenceront.
Ex-conseiller de François Mitterrand, et ancien soutien d'Emmanuel Macron, Jacques Attali ne mâche pas ses mots envers cette dissolution:
"Faire ça avant les Jeux olympiques, c'est scandaleux. On devait avoir les JO de 1924 on va avoir ceux de 1936"
, a-t-il lâché dans un entretien au quotidien Libération.
Mais, dans ce tumulte, regarder les matches de foot de l'Euro et les épreuves olympiques seront au contraire
"du positif",
expliquent plusieurs sources.
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