L'Afrique, nouvelle "décharge humaine" des États-Unis ?

Moussa Hissein Moussa
La rédaction
15:089/10/2025, jeudi
Yeni Şafak

Depuis 2020, Washington expulse ses migrants indésirables vers des pays africains moyennant compensation financière. L'Eswatini a reçu 5,1 millions de dollars pour accueillir 160 expulsés sans lien avec l'Afrique. Des accords similaires existent avec le Rwanda, le Ghana et le Soudan du Sud. Les ONG dénoncent une externalisation brutale des frontières américaines, contraire au droit international, qui transforme l'Afrique en zone de déportation moderne et fait peser des risques sécuritaires sur ces pays.

Depuis 2020, Washington expulse ses migrants indésirables vers des pays africains contre rémunération. Une pratique qui transforme le continent en zone de déportation moderne.


Et si le commerce des êtres humains ne se faisait plus seulement dans l'ombre, mais sous le couvert de la diplomatie ? Depuis 2020, les États-Unis ont mis en place un système d'expulsions vers pays tiers, transférant leurs migrants indésirables — parfois des criminels — vers des pays africains en échange d'une compensation financière. Ce programme, initié sous l'administration Trump, transforme l'Afrique en zone de déportation moderne, loin des regards américains.


Un avion, des destins brisés


Début octobre, un avion en provenance des États-Unis a atterri en Eswatini, transportant des individus jugés criminels par la justice américaine. Aucun lien ne relie ces personnes à l'Afrique. Pourtant, un
accord secret
signé entre Washington et la monarchie d'Afrique australe a rendu leur transfert possible. Selon
Human Rights Watch
, l'Eswatini aurait perçu 5,1 millions de dollars pour accueillir jusqu'à 160 expulsés.

D'autres accords similaires existent avec le Rwanda, le Ghana ou encore le Soudan du Sud, sous couvert de
"coopération migratoire"
. Mais sur le terrain, cette coopération prend des allures de marché diplomatique, où les droits humains deviennent une monnaie d'échange.

Une externalisation brutale dénoncée


Les ONG dénoncent une externalisation brutale des frontières américaines. Ce mécanisme, contraire au droit international, fait peser un lourd risque sécuritaire sur les pays africains, contraints d'accueillir des individus considérés comme dangereux.


Pendant que Washington parle de
"gestion migratoire"
, les Africains s'interrogent : leur continent est-il devenu la décharge humaine de l'Occident ?

Ce dossier interroge la responsabilité des dirigeants africains, la fragilité de la souveraineté diplomatique et le silence des institutions internationales face à un trafic moderne déguisé en coopération. Entre nécessité économique et dignité nationale, l'Afrique se retrouve une fois de plus au cœur d'un système qui l'instrumentalise.


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