Le droit international : la charte coloniale de l'ONU ?

17:138/10/2025, mercredi
Yeni Şafak

Deux ans de génocide à Gaza, toujours pas de solution. L’ONU protège-t-elle la paix ou les puissants ? Pourtant, « le monde est plus grand que cinq ». Et si le droit international n’était qu’un outil colonial moderne ?

Le droit international : la charte coloniale de l’ONU ?



Et si l’ONU et le droit international devaient faire l’objet d’une réforme en profondeur ?

Malgré deux années de guerre à Gaza, qualifiée par de nombreux observateurs de génocide, aucune solution permanente n’a été trouvée. Les appels à un cessez-le-feu sont systématiquement bloqués par des vétos, notamment américains, et la communauté internationale reste impuissante — ou silencieuse.


Ce constat alimente une question désormais omniprésente sur les réseaux sociaux : le droit international sert-il vraiment la justice, ou n’est-il qu’un instrument entre les mains de ceux qui l’ont créé ?


L’impunité sélective : Gaza, l’Iran et l’Occident


Il y a quelques jours à peine, les sanctions liées au programme nucléaire iranien ont été rétablies.

Pendant ce temps, Israël, qui a acquis illégalement l’arme nucléaire et la détient toujours, continue depuis près de deux ans ses attaques contre la population palestinienne de Gaza, sans jamais faire l’objet de la moindre sanction internationale.


Cette justice à géométrie variable alimente un sentiment d’injustice profonde, notamment dans les pays du Sud, qui voient une application du droit international conditionnée par les intérêts occidentaux.


Un héritage colonial bien vivant


Pour le professeur de droit international Antony Anghie, de l’Université de Singapour, le droit international n’est pas neutre :


« Il a été conçu au XVe siècle par les empires européens pour légitimer leur domination coloniale et justifier la guerre “juste” contre ceux qui refusaient de se soumettre à l’ordre européen. »


Autrement dit, la structure même du droit international repose sur une logique de domination : celle d’un monde façonné par les vainqueurs et appliqué par eux seuls.


Le Conseil de sécurité : cinq nations pour gouverner le monde


Au cœur du système, le Conseil de sécurité incarne cette hiérarchie figée.

Cinq États (les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Russie et la Chine) y détiennent un droit de veto absolu, leur permettant de bloquer toute résolution contraire à leurs intérêts ou à ceux de leurs alliés.


C’est précisément contre cette architecture inéquitable que le président turc Recep Tayyip Erdogan a lancé sa campagne mondiale “Dünya beşten büyüktür” (“Le monde est plus grand que cinq”).

Par ce slogan, il appelle à repenser un ordre mondial plus juste et réellement représentatif de la diversité des peuples.


Le paradoxe palestinien


Selon le droit international, le peuple palestinien a droit à l’autodétermination, au retour sur ses terres et même, en cas d’occupation, à la résistance armée.

Pourtant, hommes, femmes et enfants qui s’y opposent sont régulièrement qualifiés de terroristes, tandis que l’occupation israélienne, pourtant illégale selon les conventions internationales, continue d’être présentée comme un acte de légitime défense.


Cette inversion morale illustre à quel point le langage du droit est désormais instrumentalisé pour servir les intérêts politiques des puissants.


L’ONU, sous influence américaine ?


Autre symbole de déséquilibre : le siège permanent de l’ONU, situé à New York.

Les États-Unis — qui ne reconnaissent pas la Cour pénale internationale et qui ont mené plus de guerres à l’étranger que tout autre pays depuis la Seconde Guerre mondiale — incarnent une puissance impériale qui influence directement les décisions de l’organisation censée garantir la paix mondiale.


Selon plusieurs estimations indépendantes, les interventions américaines en Irak, en Afghanistan et ailleurs auraient causé près d’un million de morts. Un chiffre glaçant, rarement évoqué dans les forums onusiens.


Et si le 7 octobre avait tout révélé ?


Les attaques du 7 octobre 2023, précédées de décennies de colonisation et d’occupation, ont peut-être servi de révélateur.

Révélateur d’un ordre international à deux vitesses, d’une ONU paralysée, et d’un droit international utilisé comme un instrument politique plutôt que comme un outil de justice universelle.


Vers une refondation du droit international ?


La question n’est plus marginale : de plus en plus de voix s’élèvent pour exiger une refondation complète du système international.

Un monde multipolaire ne peut reposer sur des structures conçues pour un monde colonial.

Comme le martèle depuis des années le président Erdogan :


“Le monde est plus grand que cinq.”

Une phrase qui résonne aujourd’hui comme un appel à la justice, à l’équité et à la fin de la domination des uns sur les autres.

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