Niger: le business lucratif des peaux de mouton de Tabaski

La rédaction
19:003/07/2024, mercredi
MAJ: 2/07/2024, mardi
Yeni Şafak
Crédit Vidéo : Ulrich Yasser / Nouvelle Aube
Des exportateurs venus tout droit du Nigéria s’approvisionnent auprès de commerçants locaux qui se sont spécialisés dans la vente des peaux de mouton de Tabaski, au Bénin.

Le Niger est un pays dont la majorité de la population est musulmane. Chaque année, des centaines de milliers de moutons sont donc sacrifiés pour l'Aïd al-Adha ou fête du sacrifice. Traditionnellement, après l'immolation des béliers, les fidèles musulmans du Niger font de la grillade au feu de bois. Après cette étape, les peaux de mouton jonchent les rues un peu partout dans le pays. Cette situation arrange les négociants de peaux d’animaux qui profitent de cette période pour faire l’essentiel de leur chiffre d’affaires de l’année.

Mahamadou Ouwess est un jeune d’une trentaine d’années. Depuis sa tendre enfance, ce natif de la ville de Sokoto dans le nord-ouest du Nigéria passe vient passer la fête de Tabaski à Niamey et cela, pour une raison bien précise. Il profite de cette période pour envoyer des milliers de peaux de mouton au Nigéria, une activité qu’il a apprise aux côtés de son père.  


"Quand on achète les peaux de mouton ici, on ajoute du sel pour la conservation jusqu’à la ville de Kano dans le nord du Nigéria. Là-bas, nous revendons les peaux à une entreprise arabe spécialisée dans le métier du cuir
", confie-t-il.

Ces exportateurs venus tout droit du Nigéria s’approvisionnent auprès de commerçants locaux qui se sont spécialisés dans la vente des peaux de mouton de Tabaski.
Anaraoua Sahabi, un Nigérien de plus de 60 ans pratique cette activité depuis des décennies. Il estime que l’affaire ne marche plus très bien comparé à la belle époque.

"En dehors du Nigéria, nous n'avons nulle part où vendre nos peaux. Nous aurions souhaité que le gouvernement mette en place un marché dédiée à ce commerce pour mieux traiter avec les traditionnels acheteurs afin de gagner plus d’argent dans ce business. Cette année, ce n’est pas du tout rentable. Les peaux de mouton ont perdu leur valeur puisque ce sont les acheteurs étrangers qui imposent leurs prix"
, se désole l’homme.

Les acheteurs nigérians sélectionnent les peaux de mouton en parfait état. Celles qui sont un peu abîmées ne les intéressent pas. Ces peaux sont récupérées et traitées dans les tanneries locales
. Dans la capitale nigérienne, la tannerie de Gamkaley reçoit et traite des milliers de peaux de mouton de Tabaski qui sont ensuite utilisées dans l’artisanat local.

Araga Moussa un tanneur qui travaille dans les ateliers Gamkaley explique qu’une partie des peaux ainsi traitées et teintées en différentes couleurs, est envoyée au Mali. L’autre partie est utilisée dans la fabrication d’objets d'art au niveau du musée, du centre des métiers d'art et d’autres centres artisanaux de Niamey.


Contrairement à Anaraoua Sahabi, revendeur de peaux de mouton de Tabaski, le tanneur Araga Moussa ne se plaint pas.
"Dieu merci, je me débrouille bien avec cette activité. Nous en tirons profit parce que si ce n’était pas rentable, on aurait abandonné depuis bien longtemps"
, justifie-t-il.

Les familles qui laissent leurs peaux de mouton dans les rues de Niamey, ne se tracassent pas pour s’en débarrasser. Ainsi ces peaux abandonnées font les affaires de la filière qui s’est développée depuis des années autour des peaux de mouton de Tabaski.


Par
Ulrich Yasser

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