Fermeture de la mosquée des Bleuets: l'imam Ismail réagit

David Bizet
17:218/10/2025, Çarşamba
MAJ: 8/10/2025, Çarşamba
Yeni Şafak

Dans un témoignage exclusif accordé à Nouvelle Aube, l'imam Ismail, responsable religieux de la mosquée des Bleuets, revient sur la notification de fermeture reçue lundi 6 octobre 2025. Entre accusations contestées, plainte pour diffamation et dénonciation d'un agenda politique, l'imam livre sa version des faits dans un contexte de tensions croissantes autour des lieux de culte musulmans en France.

La notification de fermeture administrative visant la mosquée des Bleuets s'appuie sur plusieurs accusations graves: incitation à la haine, promotion du viol conjugal et antisémitisme. L'imam Ismail rejette catégoriquement l'ensemble de ces allégations qu'il qualifie de mensongères. Face à ce qu'il considère comme une campagne de diffamation, la direction de la mosquée a décidé de porter plainte pour calomnie.


"Nous rejetons ces accusations qui sont portées contre la mosquée et contre moi-même"
, affirme l'imam, insistant sur le caractère infondé des griefs retenus par les autorités.

Cette démarche judiciaire témoigne de la
volonté de l'établissement cultuel de se défendre par les voies légales
et de rétablir ce qu'il estime être la vérité.

Un contexte politique dénoncé


L'imam Ismail ne cache pas sa lecture politique de cette affaire. Selon lui, la fermeture de la mosquée des Bleuets s'inscrit dans une stratégie plus large visant à répondre aux attentes d'un électorat d'extrême droite.
"Le ministre de l'Intérieur cherche à répondre à un agenda et à séduire l'électorat de l'extrême droite"
, déclare-t-il sans détour.

Cette analyse s'appuie sur plusieurs éléments. L'imam rappelle que le préfet actuel des Bouches-du-Rhône, précédemment en poste dans le Nord, serait déjà à l'origine de la rupture du contrat du lycée Averroès, un établissement musulman sous contrat avec l'État. Pour l'imam Ismail, ce parcours révèle une ligne de conduite cohérente qu'il qualifie de
"croisade contre les musulmans".

Des précédents inquiétants


La mosquée des Bleuets n'en est pas à sa première confrontation avec les autorités administratives. L'année précédente, la mosquée bleue, un autre lieu de culte de la région, avait également fait l'objet d'une notification de fermeture. L'imam dénonce le
non-respect par la préfecture des décisions de justice
qui auraient été rendues dans ces affaires.

Cette situation soulève des questions sur le
respect de l'État de droit
et la hiérarchie des normes. Lorsque des décisions de justice sont rendues en faveur des lieux de culte, leur non-application par l'administration pose un problème démocratique fondamental.
"La préfecture ne respecte pas la décision de justice"
, accuse l'imam Ismail.

Une démonstration de force dénoncée


Au-delà des considérations juridiques, l'imam interprète cette nouvelle notification comme une volonté de démonstration de force de la part du préfet.
"Il veut montrer que c'est lui qui aura le dernier mot"
, analyse le responsable religieux, pointant du doigt ce qu'il perçoit comme un abus de pouvoir administratif.

Cette lecture met en lumière les tensions qui existent entre certaines autorités préfectorales et les représentants de la communauté musulmane. La multiplication des fermetures administratives de mosquées ces dernières années alimente un sentiment de ciblage au sein d'une partie de la population musulmane française.


Liberté de culte et État de droit en question


L'affaire de la mosquée des Bleuets interroge sur l'équilibre entre sécurité publique, lutte contre le radicalisme et respect de la liberté de culte, un principe fondamental garanti par la Constitution française. Si les autorités ont le devoir de lutter contre les discours de haine et le radicalisme, la question des moyens employés et du respect des procédures fait débat.


Les recours juridiques engagés par la mosquée permettront aux tribunaux administratifs de se prononcer sur la légalité de la fermeture et la réalité des griefs invoqués. C'est un principe fondamental du droit français que toute décision administrative puisse être contestée devant un juge indépendant


"Voilà où en est la France en 2025"


L'imam Ismail conclut son témoignage par une formule lourde de sens:
"Voilà où on en est aujourd'hui en France en 2025."
Cette phrase résume le sentiment d'incompréhension et d'injustice ressenti face à une situation que l'imam considère comme symptomatique d'une dérive dans le traitement des questions liées à l'islam en France.

L'affaire de la mosquée des Bleuets s'ajoute à une longue liste de contentieux opposant des lieux de culte musulmans aux autorités françaises. Elle témoigne des tensions persistantes autour de la place de l'islam dans la société française.


Les prochains jours seront déterminantes pour l'avenir de la mosquée des Bleuets. Les recours juridiques engagés permettront d'éclairer la situation et de déterminer si les accusations portées sont fondées ou si, comme l'affirme l'imam Ismail, il s'agit d'une fermeture injustifiée motivée par des considérations politiques plutôt que par des faits avérés.


A lire également:







#France
#mosquée des Bleuets
#imam Ismail
#fermeture mosquée
#préfet Bouches-du-Rhône
#ministre Intérieur
#communauté musulmane France
#liberté culte
#accusations diffamation
#plainte calomnie
#musulmans France
#lieu culte
#décision préfectorale
#arrêté fermeture
#discours haine
#antisémitisme
#justice administrative
#droits musulmans
#islamophobie
#politique religieuse
#extrême droite