L'Union africaine à l’occasion de son 62e anniversaire: les relations Afrique-Türkiye et l'avenir de l’Afrique

L’Union africaine (UA), qui regroupe les pays du continent africain sous une même bannière, a été officiellement fondée le 25 mai 1963. Depuis, cette date est célébrée dans le monde entier comme la Journée de l’Afrique. À l’occasion de cette 62e édition célébrée cette année, il convient de réfléchir à l’Afrique, à ses relations avec la Türkiye et à son avenir.

L’Afrique, avec ses 1,4 milliard d’habitants et ses 54 pays indépendants reconnus par l’ONU, constitue le deuxième plus grand continent du monde. Doté d’une population jeune, de vastes ressources énergétiques, de terres rares essentielles aux nouvelles technologies, de minéraux radioactifs et de métaux industriels stratégiques (fer, cuivre, zinc, aluminium, magnésium), le continent est également riche en lithium, indispensable à la production de véhicules électriques. Il détient aussi d’immenses réserves d’or, de diamants et d’argent.

Depuis le début de l’année 2022, les crises survenues dans diverses régions du monde ont quelque peu éclipsé l’importance stratégique de l’Afrique. Pourtant, malgré les difficultés, le continent reste au cœur des convoitises des grandes puissances, en raison de son potentiel en matière d’alimentation, d’énergie et de main-d’œuvre. Toutefois, bien que disposant de ressources considérables dans ces domaines, l’Afrique peine encore à les mobiliser pour répondre à ses propres besoins.

En termes de revenus et d’opportunités d’emploi, l’Afrique est l’une des régions les plus fragiles du monde. Selon une étude, près de 400 millions de jeunes diplômés africains risqueraient d’émigrer en Europe d’ici 2050. L’Europe, craignant une telle vague migratoire, multiplie les mesures restrictives, alors même que ces migrations pourraient partiellement résoudre ses propres problèmes démographiques, énergétiques et alimentaires.

L’Union africaine a défini sa Vision 2063, visant à intégrer tous les pays africains à travers de vastes projets d’infrastructures. Parmi ceux-ci figurent les réseaux ferroviaires transafricains nord-sud et est-ouest, ainsi que des autoroutes côtières. Cependant, le manque de financements freine leur réalisation. Il faut également mentionner le projet "Gazoduc", impliquant 13 pays, visant à transporter annuellement 33 milliards de m³ de gaz naturel vers l’Europe. Ce projet de 30 milliards d’euros est encore en phase de négociation.

Selon les données 2023 de l’Organisation mondiale du commerce, l’Afrique est le seul continent où le commerce a connu la plus forte croissance dans le monde (+2,6 %), alors qu’il a reculé dans la plupart des autres régions (Europe : -2,6 %, pays de la CEI : -4,5 %) . Il est frappant de constater que, malgré ses immenses terres agricoles, représentant près de 30 % des terres arables mondiales, l’Afrique est dépendante à près de 80 % des importations alimentaires. Cela constitue une opportunité stratégique pour le secteur agroalimentaire turc.

Conscients de ce potentiel, des pays comme la Chine, les États-Unis, l’UE, la Russie, l’Inde, le Mexique, le Brésil, le Japon, Israël et le Canada intensifient leur présence en Afrique. Chaque année, entre 8 et 10 sommets africains sont organisés à travers le monde dans l’objectif de renforcer les relations avec le continent.

Mais les politiques de repli budgétaire des États-Unis sous Trump, qui a choisi de se concentrer sur les déficits budgétaires en réduisant l’aide extérieure et ses montants, la guerre menée par la Russie en Ukraine, la crise économique que traverse l’UE et la montée du sentiment anti-français dans plusieurs pays africains augmentent la visibilité de notre pays sur le continent. Bien que l’aide financière chinoise ait ouvert des opportunités importantes sur le continent, les différences culturelles, traditionnelles, ainsi que les modes de vie et comportements limitent considérablement les relations.

L’approche de la Türkiye envers l’Afrique, développée notamment depuis le début des années 2000, fondée sur le principe du "gagnant-gagnant" et axée davantage sur l’humain, en maintenant une égalité de traitement vis-à-vis des 54 pays africains, a profondément transformé sa présence et sa visibilité sur le continent. Cette approche humaniste privilégiée par la Türkiye, ainsi que la vision de l’Afrique portée par notre Président, ont constitué un modèle exemplaire pour de nombreux pays.

À ce jour, la Türkiye a réalisé 1 864 projets d’investissement en Afrique pour une valeur totale de 85,5 milliards USD. Le secteur du BTP turc, reconnu mondialement pour ses compétences, joue un rôle clé dans l’amélioration des infrastructures du continent, déterminant dans la transformation de l’Afrique en un espace de vie prospère. Il est impossible d’ignorer sa contribution actuelle ainsi que le potentiel qu’il représente pour l’avenir du continent.

Bien que l’Afrique dispose des plus grandes énergies hydroélectriques du monde ainsi que d’un fort potentiel en énergies renouvelables, notamment solaire et éolienne, il est humainement difficile de justifier que 60 % du continent soit encore privé d’accès à l’électricité. À cet égard, la Türkiye et ses entrepreneurs, en particulier dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, se démarquent par leur savoir-faire technique et leur capacité de réalisation, ce qui en fait des partenaires privilégiés pour de nombreux pays africains.

Dans la même dynamique, nos relations commerciales avec l’Afrique ont connu une croissance considérable depuis le début des années 2000. Alors que notre volume d’échanges ne s’élevait qu’à quelques milliards de dollars au départ, il dépasse aujourd’hui les 45 milliards de dollars, faisant de l’Afrique l’un de nos partenaires commerciaux majeurs.

La reconnaissance de notre pays en Afrique tient aussi à la large couverture du continent africain par Turkish Airlines via Istanbul, ainsi qu’aux efforts d’institutions comme TIKA, la Fondation Maarif, les centres culturels Yunus Emre, et les ONG turques qui mènent de nombreuses actions humanitaires. Il ne faut pas non plus sous-estimer l’impact culturel des séries télévisées turques, très suivies en Afrique, ni celui des chaînes privées turques diffusant des contenus spécialement destinés au continent.

Dans un contexte où l’Afrique est confrontée à des défis sécuritaires sous l’influence d’acteurs étrangers, le développement rapide de l’industrie turque de défense, qui s’est fortement développée pour s’imposer parmi les grandes puissances mondiales, suscite un grand intérêt. Cette industrie représente une source de stabilité et d’espoir non seulement pour la Türkiye, mais aussi pour de nombreux pays africains et confère ainsi une nouvelle dimension de confiance à nos relations.

Si certaines difficultés en matière bancaire, d’assurance ou de crédit peuvent être résolues par des solutions communes, alors l’accès à l’électricité et à l’eau potable pour une grande partie de la population pourrait devenir une réalité. Il convient de rappeler que les entreprises turques sont déjà très sollicitées dans de nombreux pays africains.

En 2023 comme dans les années à venir, l’Afrique représente une opportunité majeure pour le commerce mondial. Son rôle futur comme centre d’approvisionnement est inévitable. Dans un contexte où les industries commencent à rencontrer des difficultés en éléments stratégiques rares, matières premières, alimentation et énergie, le continent occupe une position particulière et importante à tous égards. Grâce à notre approche fondée sur le "gagnant-gagnant", la Türkiye contribue à l’essor du continent vers un niveau de vie digne, et est perçue comme un partenaire stratégique par l’Afrique.

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