Après Gaza

11:4726/05/2025, lundi
MAJ: 26/05/2025, lundi
Aydın Ünal

"On pense que rien ne peut être pire à Gaza", mais chaque jour, l’organisation terroriste sioniste Israël intensifie sa brutalité, sa barbarie, ses massacres, ses tortures et ses persécutions. Deux millions et demi de personnes sont désormais brisées par la faim et la soif dans un camp de concentration. Acceptons-le: malgré toute la résistance, la patience, le courage, le sacrifice et la tolérance, Gaza est épuisée, à bout. Un cessez-le-feu est-il possible ? Même s’il avait lieu, combien de temps

"On pense que rien ne peut être pire à Gaza", mais chaque jour, l’organisation terroriste sioniste Israël intensifie sa brutalité, sa barbarie, ses massacres, ses tortures et ses persécutions. Deux millions et demi de personnes sont désormais brisées par la faim et la soif dans un camp de concentration.


Acceptons-le: malgré toute la résistance, la patience, le courage, le sacrifice et la tolérance, Gaza est épuisée, à bout. Un cessez-le-feu est-il possible ? Même s’il avait lieu, combien de temps Israël le maintiendrait-il ? Si un cessez-le-feu était instauré et que l’aide arrivait à Gaza, dans quelle mesure les blessures pourraient-elles être soignées ? Et après ? Une paix durable, une solution permanente sont-elles envisageables ? Tout cela reste incertain. Soyons réalistes: aucun espoir ne se dessine à l’horizon pour soulager les Gazaouis, les Palestiniens, ni nous-mêmes.


Mais une chose est sûre: le monde ne sera plus jamais comme avant. L’histoire se divisera en deux périodes: avant Gaza et après Gaza.


Nous avons dit que toutes les valeurs que l’Occident a construites au fil des décennies se sont effondrées. L’état de droit, les droits de l’homme, les droits des femmes, des enfants, de la presse, et bien d’autres valeurs sont désormais remis en question aux États-Unis et en Europe. L’Occident est sensible à ses propres valeurs sur son territoire, mais il a toujours fait preuve d’hypocrisie et de double standard envers d’autres régions du monde.


Après Gaza, toutes ces valeurs se sont effondrées aussi sur le sol occidental. La liberté d’expression, la liberté de la presse, la liberté académique, la liberté de conscience, ainsi que le droit de réunion, de manifestation, de marche et de communiqué de presse sont désormais mises de côté en Occident. Peu importe les efforts des pays pour redorer leur image, pendant de longues années, ils seront associés et critiqués pour cette violence policière, cette discrimination, cette colère, cette haine, cette intolérance et ce racisme.


Les Nations unies, ainsi que les institutions et règles internationales, ont totalement perdu leur crédibilité. Après Gaza, aucun pays ne prendra plus ces institutions et règles suffisamment au sérieux. Les positions des gouvernements sur Gaza ont laissé un impact durable sur les populations, en particulier sur les jeunes. La nouvelle génération remettra en question autant le système mondial que leurs propres pays.


Après Gaza, la plus lourde facture sera sans aucun doute payée par les Juifs du monde entier. Bien que beaucoup fassent une distinction nette entre judaïsme et sionisme, les attitudes d’Israël prétendant représenter l’ensemble des Juifs, qu’elles approuvent ou dénoncent le génocide, placeront les Juifs sous suspicion et en difficulté à travers le monde. Il ne sera plus aussi facile qu’avant de justifier n’importe quel crime par l’accusation d’antisémitisme. Les récits autour de la "Shoah" auront moins d’écho. La colère et la haine accumulées vont bouleverser le monde.


Les pays islamiques non plus ne resteront pas les mêmes après Gaza. Face à ce génocide qui dure depuis près de deux ans, loin de réagir, les chefs d’État qui répriment sévèrement les manifestations sur leur propre sol voient leur assise devenir plus fragile. Les milliers de milliards de dollars offerts aux États-Unis, principal instigateur du génocide à Gaza, inquiéteront encore davantage les dirigeants de ces pays. Après Gaza, le monde islamique ne restera pas le même.


Après Gaza, les musulmans non plus ne seront plus les mêmes. Ils sont près de 2 milliards et, face au génocide à Gaza qu’ils ne font que regarder, ils seront contraints de remettre en question leur place et leur influence dans le système mondial et les relations internationales. Gaza nous a appris à quel point l’institution du califat est importante et indispensable; après Gaza, le califat sera davantage débattu.


Gaza a révélé aux musulmans leur impuissance, a fait trembler leurs cœurs. Même s’ils semblaient indifférents ou détachés, Gaza leur a rappelé qui ils étaient. Ils ont vu les alliances se former, ont observé qui soutenait qui, qui protégeait qui. Ils ont compris où chacun se tenait réellement. L’identité Musulmane, prête à sacrifier toutes ses valeurs pour ressembler à l’Occident et aux Occidentaux, vit un choc profond. Même les Musulmans les plus sécularisés traversent une grave crise identitaire face à ce qu’ils ont vu. La résistance de Gaza inspirera davantage les mouvements islamiques dans le monde, mais elle transformera aussi le Musulman ordinaire.


Un génocide est en cours à Gaza, la ville est en ruines. Mais ces décombres auront un impact profond sur le monde entier. Ni les campagnes de communication, ni les stratégies d'image ou de relations publiques ne suffiront à faire oublier ce qui s’est passé. Il est difficile aujourd’hui de parler de victoire, mais que personne n’imagine que la résistance de Gaza, que la lutte palestinienne, ait été vaine ou inutile. En tombant, Gaza a entraîné bien d’autres chutes. Il n’y a peut-être pas de victoire visible, mais cette épreuve sera le point de départ d’un réveil, d’un bouleversement bien plus vaste. Après Gaza, rien ne sera plus comme avant.


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