Écrire, c’est témoigner. En écrivant, l’homme devient à la fois le témoin de lui-même, le témoin de son époque et des événements, mais aussi, il témoigne au nom de toute l’humanité. Tandis que l’histoire poursuit son cours dans son propre lit, l’homme – dans un effort désespéré pour attraper quelque chose de ce que le torrent tumultueux emporte devant lui – écrit pour ne pas oublier et pour ne pas faire oublier. Parfois même, c’est pour ne pas être oublié lui-même…
À Gaza, les journalistes qui sont les témoins les plus directs du génocide subi par un peuple innocent sous les yeux du monde, ont dû faire face à de lourdes épreuves tout en portant sur leurs épaules le poids de faire connaître au monde ce qui se passait. La valeur et l’importance de ce qu’ils ont accompli seront bien mieux comprises avec le temps.
L’Institut des Médias Al Jazeera, dont le siège est à Doha, capitale du Qatar, a réuni les observations et expériences de première main de 16 journalistes ayant traversé le cercle de feu à Gaza et en Cisjordanie, et les a publiées en arabe et en turc sous le titre "Nous sommes les seuls témoins de l’oppression". Grâce à eux, la responsabilité de rédiger la préface de l’édition turque m’a également été confiée. Comme une goutte d’eau dans l’océan, je me sens privilégié d’avoir pu faire partie d’un travail aussi important.
(Vous pouvez télécharger gratuitement “Nous sommes les seuls témoins de l’oppression”, le lire et le partager avec qui vous voulez à partir de ce lien : https://bit.ly/3I3ONgr)
Dans ces témoignages bouleversants, vous lirez, sous leur forme la plus vivante, l’envers de nombreux événements que vous n’aviez vus jusqu’à présent que comme des « informations » dans les médias, et ce qui s’est réellement passé à ce moment-là. Peut-être, parfois, fermerez-vous les yeux pour tenter d’imaginer ces scènes, peut-être que les larmes vous monteront aux yeux et que vous devrez interrompre votre lecture, ou peut-être, de manière involontaire, que vous serrerez les poings de colère contre les auteurs du génocide.
Mais ces textes n’ont pas été écrits uniquement pour toucher le lecteur ou pour le remplir d’émotion. Au-delà de tout cela, le point essentiel où se nouent les leçons fondamentales à tirer de chaque récit se trouve peut-être exprimé de la manière la plus limpide dans ces phrases d’Emel Habib : "Le journalisme, en son essence, n’est-il pas une forme de résistance ? Une révolte contre le bâillonnement de la vérité, une détermination à continuer de témoigner même face à des horreurs indescriptibles…"
Oui, exactement cela. Chacun des textes que vous lirez est, un à un, une épopée de résistance et d’existence.
Un autre point souligné par ces témoignages, c’est l’espoir. Et cela aussi, laissons-le être enseigné par les chères filles d’Emel Habib : "Mes petites filles Maryam et Maha m’appellent, elles veulent que je vienne tout de suite près d’elles. Savez-vous ce qu’elles faisaient ? Avec les morceaux récupérés des décombres de leur chambre, elles construisaient un mur dans leur ville de jouets. Comme si elles voulaient arracher la vie des dents de la mort…"
Malgré toutes les douleurs endurées, malgré le génocide et l’anéantissement vécus, malgré les récits tragiques dont on a été témoin, préserver la résistance et l’espoir, pouvoir regarder vers l’avenir depuis les décombres, et un troisième point : documenter tout, enregistrer, pour qu’un jour, dans le futur, les criminels soient jugés, et prévenir la perte de mémoire.
Tout comme l’affirme clairement Enes el-Sharif dans ces phrases : "Certains me demandent : “Pourquoi continues-tu encore ce travail alors que rien n’a changé, que la destruction se poursuit ?” Ma réponse est simple : “Peut-être qu’une seule image, une histoire, un instant capturé, déclenchera un jour l’étincelle qui mettra fin à cette guerre.” Et même si ce n’est pas maintenant, nous continuerons à témoigner. Nous poursuivrons la documentation de la vérité. Et nous continuerons sans relâche à exiger des comptes aux auteurs de ces crimes de guerre."
La question que se posent le plus ceux qui regardent Gaza depuis la Turquie est la suivante : "Comment les Palestiniens parviennent-ils à préserver leur détermination à résister et leur espoir pour l’avenir, malgré tout ce qu’ils vivent ?"
En effet, nous, qui sait au bout de combien de jours et à quel point du chemin nous serions tombés et restés là…
Le livre que vous tenez entre vos mains doit être lu comme une réponse à cette question, dans toutes ses dimensions et profondeurs. Et en même temps, à travers les témoignages qu’il rapporte, comme une véritable carte routière de la manière de mener une vie digne de l’honneur humain…
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