Vous voulez que je vous explique, exemples à l’appui, ce à quoi la diplomatie turque s’emploie depuis 50 ans à Chypre ? Inutile de remonter bien loin: je vais vous parler d’événements tout récents, à peine retombés.
Ces échanges ont eu lieu lors de la réunion informelle élargie sur Chypre, organisée le 18 mars à Genève. Dans notre article précédent, nous avions déjà expliqué pourquoi cette rencontre était importante : elle réunissait les dirigeants de la RTCN et de la partie grecque de l’île, mais aussi le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan, son homologue grec Giorgos Gerapetritis, ainsi que le ministre britannique Leo Docherty.
Pour la première fois dans l’histoire des négociations chypriotes, la question de la fédération n’a pas été évoquée.Nous avions d’ailleurs souligné que l’ONU elle-même semblait commencer à s’éloigner de cette option.
Je vais vous donner encore quelques exemples. Revenons un peu en arrière.Un incendie de forêt s’est déclaré récemment dans la partie grecque de Chypre. Il existait un risque que le feu se propage vers le nord, dans la zone turque.
Il y a quelques jours, j’ai formulé ce constat: les crises que nous vivons aujourd’hui reposent sur deux causes fondamentales. Premièrement, tout ce qui trouve ses racines dans la Guerre froide, et même dans la Seconde Guerre mondiale, s’effondre brutalement, secoué par un grand bouleversement. Deuxièmement, les crises gelées au lendemain de la Guerre froide sont en train de dégeler progressivement. (Voir : Déjà-vu : la silhouette du prochain front s’est dessiné, 1er avril.)
La question chypriote est le produit du premier point. L’attribution des îles du Dodécanèse à la Grèce en 1947, ainsi que l’intensification des efforts d’Enosis (annexion de Chypre à la Grèce) dans les années 1950, représentaient une menace majeure pour la Türkiye. Non seulement les Chypriotes turcs devenaient des cibles, mais la Türkiye était également confinée à ses côtes. C’est là que réside la motivation principale de l’opération de paix à Chypre en 1974.
La chute du régime baasiste en Syrie, la fin de l’occupation du Haut-Karabakh, la guerre Ukraine-Russie (l’avenir de la Crimée), ainsi que la fin de la période du groupe terroriste PKK, sont toutes des conséquences des secousses tectoniques des deux principaux développements mentionnés ci-dessus. La question chypriote sera également affectée par ce processus. Ce dossier doit, à ce moment précis, être résolu, d’une manière ou d’une autre.
Ankara a su saisir l’esprit du temps et a refermé le dossier de la fédération. Il est désormais nécessaire que la République turque de Chypre du Nord (RTCN) soit reconnue au niveau international et que les sanctions soient levées. Dans le cas contraire, il s’agirait d’une oppression envers les Chypriotes turcs. En l’absence de reconnaissance internationale, il devient -logiquement- inévitable que d’autres options soient envisagées.
Du jeudi dernier au dimanche, la RTCN a accueilli le Teknofest. La population du pays est d’environ 470 000 habitants. Malgré les pluies intermittentes qui se sont manifestées par endroits et ont duré pendant quatre jours, pas moins de 225 000 personnes ont visité le Teknofest. Cela représente presque la moitié de la population de la RTCN et met en évidence le désir des Chypriotes turcs pour les hautes technologies, l’industrie de la défense, la production, l’innovation et l’entrepreneuriat. (De plus, les participants au festival n’étaient pas seulement des Turcs. J’ai également croisé des étudiants étrangers qui étudient sur l'île, des touristes, et même des Chypriotes grecs venant de la partie sud de l'île.)
Deuxièmement, la Grèce a lancé un appel d’offres international pour la prospection d’hydrocarbures dans deux blocs qu’elle a unilatéralement définis au sud de l’île de Crète. Ces blocs empiètent sur la zone libyenne définie par l’accord Türkiye-Libye de 2019. Suite à cela, une photo a été publiée montrant le Premier ministre libyen, Dibeybe, marquant du doigt le sud de la Crète sur une carte.
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