Ralentissement de l'économie de l'UE et opportunités émergentes pour la Türkiye

18:091/05/2025, jeudi
Ömer Faruk Doğan

La période de campagne pour la réélection de Donald Trump en tant que président des États-Unis et son entrée en fonction le 20 janvier 2025 ont donné lieu à des déclarations concernant l'instauration de taxes douanières supplémentaires sur tous les pays, dans le but de revitaliser l'économie américaine, de combler le déficit budgétaire et de protéger les producteurs nationaux contre les déséquilibres du marché. Ces déclarations ont généré des incertitudes dont les effets ont commencé à se faire

La période de campagne pour la réélection de Donald Trump en tant que président des États-Unis et son entrée en fonction le 20 janvier 2025 ont donné lieu à des déclarations concernant l'instauration de taxes douanières supplémentaires sur tous les pays, dans le but de revitaliser l'économie américaine, de combler le déficit budgétaire et de protéger les producteurs nationaux contre les déséquilibres du marché. Ces déclarations ont généré des incertitudes dont les effets ont commencé à se faire sentir sur les économies régionales du monde entier. Les données macroéconomiques publiées pour le premier trimestre 2025 dans différentes régions et pays montrent un ralentissement évident par rapport aux périodes précédentes.


Le plus grand partenaire commercial mondial, la Chine, a suspendu complètement ses exportations de containers vers les États-Unis depuis le 10 avril 2025. En raison des déclarations de Trump sur les taxes douanières supplémentaires, les restrictions et les hausses de taxes en vigueur depuis cette date ont entraîné un ralentissement sensible du commerce mondial. Face à cette situation, de nombreux pays, notamment ceux en développement, cherchent à naviguer à travers cette crise de manière optimale, tandis que les pays occidentaux ont déjà commencé à publier et analyser les premières données de 2025.


En Europe, après l'Allemagne, la France, la deuxième plus grande économie de la zone euro, a annoncé pour ses trois premiers trimestres une stagnation économique. Selon les premières estimations publiées par l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) le 30 avril 2025, la croissance du deuxième plus grand économiste de la zone euro n'a augmenté que de 0,1 % au premier trimestre.


Bien que cette forte récession de la croissance soit en partie attribuée aux retards liés à la formation du gouvernement et au vote tardif du budget 2025, ainsi qu'à la nécessité de réduire le déficit budgétaire, la principale cause de cette stagnation reste l'incertitude économique actuelle.


Le ministre français de l'Économie, Eric Lombard, a annoncé que le gouvernement soutiendrait les entreprises françaises pendant cette période difficile. Toutefois, il est évident que cela nécessitera un grand effort pour atteindre les objectifs de croissance. Le gouverneur de la Banque de France a également déclaré que les prévisions économiques de juin seraient révisées.


Les incertitudes à l'échelle internationale engendrent un climat de pessimisme à l'échelle nationale. En effet, en raison des doutes persistants, la consommation a connu une forte stagnation. La Banque Nationale Parisienne BNP a observé une baisse de la consommation de 1 % en mars 2025. L'inquiétude croissante liée au chômage et la peur d'une détérioration du niveau de vie rendent le processus de reprise économique plus long que prévu.


En France, la baisse de la consommation a été particulièrement notable dans les secteurs de l'alimentation et du tabac, mais aussi dans l'achat de voitures, de motos et de vélos, ce qui a renforcé les préoccupations économiques. En revanche, les services ont maintenu leur niveau de consommation, ce qui est interprété comme un changement dans les modes de consommation. Anthony Morlet-Lavidalie, économiste chez Rexecode, affirme que "la consommation de biens est 7 % inférieure à celle de 2019, tandis que la consommation de services a augmenté de 15 à 20 %".


Les données macroéconomiques des trois premiers mois ont également montré que les investissements en France, deuxième économie de l'UE, avaient diminué de 0,2 %, ce qui a contribué à un climat de pessimisme. Les secteurs tels que la construction, la flotte de véhicules, les équipements de transport et les biens d'équipement ont été moins touchés, mais le ralentissement général des dépenses publiques, le besoin de réaliser des économies budgétaires dans la plupart des pays développés et en développement, ainsi que la tendance des entreprises à privilégier la liquidité et à éviter l'endettement, ont des conséquences négatives sur l'économie.


Dans de nombreux pays comme la France, le commerce extérieur, considéré comme l'un des moteurs principaux de la croissance, a quasiment cessé de fonctionner en raison des incertitudes. En France, les exportations ont chuté de 0,7 %, tandis que les importations ont continué d'augmenter de 0,4 %. Cette augmentation des importations peut être expliquée par une volonté de se procurer les produits nécessaires avant l'application des taxes douanières supplémentaires sur les produits semi-finis et les matières premières.


Malgré ces difficultés, certains secteurs ont enregistré une croissance au premier trimestre, notamment l'industrie alimentaire, les équipements de transport et les produits pharmaceutiques. Cependant, le ralentissement de la consommation et la diminution des exportations ont conduit à une augmentation des stocks et des coûts de production. En excluant les stocks dans les calculs, la croissance aurait en fait chuté de 0,4 % au lieu d'augmenter.


Les données concernant les autres pays de l'UE n'ont pas encore été publiées, mais il est évident que le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine affecte fortement l'économie européenne. Toutefois, cette situation pourrait également offrir une opportunité pour les pays en développement et la Türkiye, à condition de bien exploiter ces nouveaux avantages.


En particulier, des opportunités ont émergé pour les produits alimentaires transformés, les pièces détachées pour automobiles, les composants pour voitures électriques, ainsi que pour les produits semi-finis et finis et les matières premières. Les industriels européens, dans le but de minimiser les effets négatifs de cette incertitude, ont tendance à être plus prudents en matière de production et d'approvisionnement. Ils privilégient l'importation afin de garantir l'approvisionnement en matériaux nécessaires, ce qui constitue une opportunité pour des pays comme la Türkiye dans les secteurs de la production et de l'exportation.


Cependant, la situation économique difficile, les hausses de taxes douanières et l'augmentation des coûts de la chaîne d'approvisionnement imposent que des mesures spécifiques soient prises pour protéger les secteurs vulnérables. Comme l'a déjà indiqué le ministre français de l'Économie, il est crucial de mettre en place des mesures pour minimiser les effets négatifs de ce processus incertain.


Ainsi, il est recommandé aux entreprises qui dépendent de l'importation de matières premières, de produits semi-finis et de composants pour leurs processus de production de réévaluer leur situation et de se préparer à faire face aux besoins accrus d'importation dans cette période d'incertitude. Cette approche proactive serait bénéfique tant pour les entreprises que pour l'économie nationale.

#économie européenne
#crise économique
#relations économiques
#Europe - Türkiye
#Ömer Faruk Doğan