L'Europe veut réduire sa dépendance à la Chine pour les terres rares

11:393/12/2025, Çarşamba
AFP
Bruxelles présente un plan baptisé ReSourceEU pour sécuriser l’accès aux terres rares et réduire la dépendance à la Chine, dans un contexte de tensions économiques croissantes.
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Bruxelles présente un plan baptisé ReSourceEU pour sécuriser l’accès aux terres rares et réduire la dépendance à la Chine, dans un contexte de tensions économiques croissantes.

L’Union européenne doit dévoiler mercredi de nouvelles mesures pour réduire sa dépendance à l’égard de la Chine concernant les terres rares et autres matières premières critiques, au cœur de tensions géopolitiques grandissantes.

Néodyme, terbium, yttrium... Les terres rares sont des éléments métalliques devenus essentiels pour des pans entiers de l’économie, en particulier l’industrie automobile, les énergies renouvelables, le numérique ou la défense. Ils servent à la fabrication d’aimants puissants, de catalyseurs ou de composants électroniques.

La Chine, qui concentre la majorité des réserves mondiales de terres rares, domine non seulement l’extraction des minerais, mais a développé en plus un quasi-monopole sur le raffinage. Elle exerce une mainmise similaire sur certains métaux stratégiques, comme le gallium utilisé dans les semi-conducteurs.


L’Europe s’était dotée il y a deux ans d’une loi visant à sécuriser ses approvisionnements en matières premières
“critiques”
. Mais elle doit
“muscler son jeu”
, a résumé ce mois-ci le vice-président de la Commission européenne, Stéphane Séjourné, qui présentera mercredi un plan baptisé
“ReSourceEU”
pour répondre à une situation internationale dégradée.

L’UE se retrouve en effet prise en étau entre la Chine, qui a multiplié cette année les mesures de restriction à ses exportations de terres rares, et les États-Unis de Donald Trump, qui négocient des accords bilatéraux tous azimuts pour sécuriser leurs propres approvisionnements.

Selon une étude publiée lundi par la Chambre de commerce de l’UE en Chine, 60% de ses membres disent s’attendre à des perturbations de leurs chaînes d’approvisionnement à cause des restrictions décidées par le gouvernement, et 13% redoutent de devoir interrompre ou ralentir leur production.


“Une arme économique”


Malgré la suspension en novembre d’une partie de ses restrictions, Pékin continue d’exiger des entreprises européennes
“des renseignements relevant souvent, et c’est inquiétant, de secrets industriels”
, des
“exigences qui s’apparentent aussi à du racket”
, a pointé également M. Séjourné.

“Nous ne devons plus attendre pour agir”
, estime Florian Anderhuber, directeur général adjoint de l’organisation professionnelle Euromines, qui défend les intérêts de l’industrie minière européenne. Ces dernières années,
“ce sujet est devenu une arme économique, avec des restrictions de plus en plus rapprochées dans le temps”
, dit-il dans un entretien à la presse.

L’une des mesures phares de ReSourceEU sera la création d’un
“centre européen des matières premières critiques”
, qui pourra faire des achats groupés et stocker des minerais, en s’inspirant notamment du JOGMEC, organisme créé il y a deux décennies au Japon. Le plan devrait aussi inclure des mesures supplémentaires pour favoriser la production sur le sol européen et encourager le recyclage des matières premières.

De son côté, Euromines appelle à accélérer les autorisations de nouvelles mines et fonderies, et limiter les recours contre ces mêmes projets. L’organisation demande aussi des garanties de financement, et des mécanismes pour aider à compenser les écarts de prix entre la Chine et l’Europe, qui constituent un énorme frein pour les producteurs du Vieux Continent.

Parallèlement, le commissaire européen en charge du Commerce, Maros Sefcovic, doit dévoiler mercredi la nouvelle doctrine de l’UE en matière de
“sécurité économique”
, avec des mesures pour galvaniser l’autonomie de l’Europe.

La doctrine existante, qui était la première du genre, date de 2023 et visait à tirer les leçons de la pandémie de Covid-19 puis de la guerre en Ukraine, deux crises ayant illustré l’extrême fragilité des chaînes d’approvisionnement européennes. Or, les tensions géopolitiques et commerciales, comme le bras de fer sur les droits de douane avec les États-Unis de Donald Trump, ont poussé Bruxelles à remettre l’ouvrage sur le métier.

La nouvelle doctrine ne vise pas à développer l’arsenal commercial européen, mais à réévaluer les risques et à mettre à jour le manuel d’utilisation des principaux outils déjà à la disposition de Bruxelles: contrôle des investissements directs étrangers, restrictions à l’exportation de certains biens, diversification des pays fournisseurs…


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