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Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse dans le cadre de la réunion du Conseil européen qui rassemble les 27 dirigeants de l'UE pour discuter de l'Ukraine, de la défense européenne, des récents développements au Moyen-Orient, de la compétitivité, du logement et des migrations, à Bruxelles, le 23 octobre 2025.
Quarante-quatre organisations, parmi lesquelles la Confédération paysanne, Greenpeace, France Nature Environnement ou encore la CGT, ont interpellé Emmanuel Macron ce mardi 28 octobre pour lui demander de "clarifier la position de la France" concernant l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur.
Par voie d’un communiqué, les signataires dénoncent un virage politique incompréhensible, alors que le chef de l’État avait qualifié en février le texte de
Ils demandent désormais à l’exécutif de
"construire une minorité de blocage"
pour empêcher sa ratification par les 27 États membres de l’UE, sans quoi l’accord pourrait être signé dès le mois de décembre.
"Nos inquiétudes et notre incompréhension sont d’autant plus vives que le contenu de l’accord n’a été l’objet d’aucune modification de substance depuis décembre 2024"
, affirment les auteurs de la lettre ouverte, également adressée au Premier ministre Sébastien Lecornu et à plusieurs ministres.
Depuis la rentrée, la France a assoupli sa position, estimant que les garanties juridiques annexées par la Commission européenne allaient
Ces actes, sans valeur de révision du traité, détaillent des mécanismes de protection des secteurs sensibles, comme la possibilité de retirer temporairement les préférences tarifaires en cas de préjudice grave.
Pour Emmanuel Macron, ces garanties permettraient de
"protéger les secteurs qui sont les plus exposés"
et de garantir une
Le Président français a souligné attendre encore la
des mesures et leur
"notification aux pays du Mercosur".
Les syndicats agricoles ne partagent pas cet optimisme. La Coordination rurale dénonce une procédure
et juridiquement
La Confédération paysanne, elle, estime que les quotas d’importation ne seront pas affectés et que
"cela ne changera en rien l’impact sur les prix et les pratiques agricoles".
Le scepticisme dépasse les milieux agricoles. Des élus européens, comme Manon Aubry (La France insoumise) ou Pascal Canfin (Renaissance), s’apprêtent à saisir la Cour de justice de l’UE pour vérifier la conformité de l’accord avec les traités européens. Ils dénoncent un manque de transparence démocratique et une absence de débat parlementaire sur la partie commerciale du texte.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a appelé mercredi à l’instauration de règles équitables entre les produits agricoles européens et ceux importés des zones économiques hors-UE, a indiqué Matignon dans un communiqué publié au lendemain d’une rencontre avec le commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen.
"Il faut des règles justes et de bon sens pour garantir une concurrence équitable entre les produits européens et les produits importés. Les agriculteurs français ne peuvent devenir la variable d’ajustement d’une concurrence accrue",
ont précisé les services du Premier ministre.
Sans citer d’accord commercial spécifique, Matignon a souligné que ces exigences visent notamment à s’assurer qu’aucun produit agricole importé ne bénéficie d’un traitement dérogatoire :
"Si une substance ou un mode de production sont interdits pour nos agriculteurs, il doit en aller de même pour les produits importés."
Sébastien Lecornu a par ailleurs appelé la Commission européenne à présenter rapidement des propositions concrètes pour renforcer ces garanties et a insisté sur la nécessité de maintenir une Politique agricole commune (PAC)
sans distorsion du marché intérieur ni affaiblissement des standards européens.
L’accord UE-Mercosur vise à établir la plus grande zone de libre-échange du monde entre l’UE et cinq pays d’Amérique du Sud.
Malgré les assurances de Bruxelles, l’opposition demeure vive, notamment en France, où 80 % des agriculteurs estiment que ce texte menace leur survie économique.
À quelques semaines d’une possible signature, la pression monte sur l’exécutif français, sommé de choisir entre l’alignement diplomatique et les attentes de ses filières agricoles.
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