Crédit Photo : AFP / Archive
Des membres du Secteur du Rail Aunts "Kuluna" (gang d'enfants des rues) se battent avec des membres du Likonzi Kuluna (à l'arrière-plan) le 16 novembre 2012 dans une rue de Lingwala, au nord de Kinshasa.
Amnesty International a demandé mercredi au président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, de renoncer à l'exécution des personnes condamnées à mort pour banditisme urbain et transférées dans des prisons de haute sécurité.
Depuis décembre, les autorités congolaises ont arrêté et jugé en procédure de flagrance des centaines de délinquants présumés, appelés "kulunas", dans le cadre d'une vaste opération anti-gang. Plusieurs d'entre eux ont été condamnés à la peine de mort.
Dimanche, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a annoncé le transfèrement d'un troisième groupe vers la prison d'Angenga, située dans le nord-ouest du pays.
"On va exécuter la peine de mort, sachez que vous n'allez pas retourner ici. On ne veut plus entendre parler des kulunas",
a déclaré M. Mutamba en s'adressant à ces jeunes hommes.
"Si tu es kuluna et qu'on te condamne à la peine de mort, sache qu'on va t'exécuter",
avait-il affirmé en lingala (langue locale), dans une vidéo tournée dans l'enceinte de la prison militaire de Ndolo en présence des autorités pénitentiaires et diffusée aux médias, dont l'AFP.
"C'est la troisième vague de kulunas que nous transférons dans des prisons de haute sécurité, pour que la peine de mort soit exécutée",
a-t-il insisté avant de les embarquer dans des véhicules de la police.
La veille, M. Mutamba avait diffusé une autre vidéo similaire, accompagnée de cette légende:
57 kulunas transférés dans les prisons de haute sécurité pour être exécutés.
"L'annonce de ces transferts de prisonniers est consternante. Nous craignons que les autorités ne procèdent de manière imminente à des exécutions massives en l'absence d'informations fiables sur le statut des personnes condamnées à mort",
s'est inquiétée Sarah Jackson, directrice régionale adjointe pour l'Afrique de l'Est et l'Afrique australe à Amnesty International.
"Le président Félix Tshisekedi doit renoncer immédiatement, publiquement et sans ambiguïté à tout projet d'exécution",
a-t-elle ajouté.
En RDC, de jeunes criminels redoutés, appelés "kulunas", sont connus pour mener de violentes attaques, souvent armés de machettes, mutilant, tuant et volant leurs victimes à toute heure du jour et de la nuit.
En mars, le gouvernement a levé le moratoire sur l'exécution de la peine de mort, en vigueur depuis 2003. Cette décision vise notamment les militaires accusés de trahison dans un contexte de rébellion armée dans l'est du pays, ainsi que les bandits urbains.
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