Un troupeau de 150 chèvres débroussaillent une zone de 2,6 hectares dans le parc municipal de Brackenridge à San Antonio, grande ville dans le sud de cet Etat américain. Crédit photo: FRANCOIS PICARD / AFPTV / AFP
L'escadron entre dans un parc du Texas, sans tronçonneuse ni herbicide, mais armé d'un solide appétit. Mocha, Wynonna et Nelson, des chèvres, sont prêtes à en découdre avec les mauvaises herbes qui entravent la croissance des arbres, une méthode alliant efficacité et écologie.
Les biquettes font partie d'un troupeau de 150 individus qui débroussaillent une zone de 2,6 hectares dans le parc municipal de Brackenridge à San Antonio, grande ville dans le sud de cet Etat.
L'opération devrait durer environ deux semaines.
"Les plantes dont nous voulons nous débarrasser sont des arbustes, comme le troène, qui nécessitent beaucoup d'eau"
, explique Kyle Carr, 36 ans et co-propriétaire avec sa femme Carolyn de la société Rent a Ruminant Texas, franchise d'une enseigne qui opère dans tout le pays. Et d'ajouter:
L'eau est captée par ces arbustes invasifs au lieu d'aller vers les chênes plus anciens que le parc veut protéger.
Dressées plusieurs mois dès leur naissance, les chèvres savent ce qu'elles doivent brouter. Elles sont habituées aux aliments naturels et non au fourrage, apprennent à rester en groupe et à respecter la clôture de protection, légèrement électrifiée, destinée à éloigner les prédateurs.
Leur efficacité est étonnante. Leur système digestif stérilise les graines qu'elles ingèrent, ce qui permet d'
"éviter de propager les plantes qu'on essaie d'éliminer"
, détaille M. Carr.
"C'est beaucoup plus écologique d'avoir des chèvres que des grosses machines ou des herbicides"
, assure Charlotte Mitchell, membre du comité de direction du parc.
Il serait particulièrement dangereux d'utiliser de l'herbicide dans la zone, située près d'un fleuve, puisqu'il pourrait s'y écouler, souligne-t-elle.
"Et c'est beaucoup plus divertissant à voir"
, ajoute-t-elle. Des familles viennent observer les chèvres pour montrer à leurs enfants comment les animaux vont de pair avec l'écosystème et peuvent servir à gérer un terrain, raconte Mme Mitchell.
"Je cours ici souvent et je promène mon chien de temps en temps. Il y a beaucoup de mauvaises herbes et ce serait bien de voir la zone un peu désherbée"
, relève Aaron Rodriguez, 47 ans.
Je suis content de voir ces petits gars faire leur travail.
Les chèvres peuvent en outre atteindre des endroits escarpés inaccessibles aux humains ou aux machines, précise Kyle Carr.
Et, cerise sur le gâteau: en plus d'éradiquer le chiendent, ces ruminants raffolent du sumac vénéneux, de quoi rassurer les promeneurs.
Comme tout travailleur, les chèvres peuvent prendre des pauses pour se désaltérer, ont le droit aux arrêts maladies et bénéficient même... d'une retraite.
Hors de question, pour Kyle Carr, d'envoyer les biquettes à l'abattoir.
Lorsqu'elles atteignent environ 11 ans ou qu'elles ne peuvent plus voyager à cause du stress,
"nous les emmenons dans un ranch où elles ont leur propre petit pâturage"
, dit-il.
"Elles élèvent alors la prochaine génération de chèvres."
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