
"Avant, je naviguais entre Turkmenbachy et Khazar", se souvient Batyr Youssoupov, matelot sur un bateau de croisière au Turkménistan. Une liaison maritime désormais impossible en raison de la baisse alarmante du niveau de la Caspienne, plus grande mer fermée au monde.
Derrière lui trône un portrait de Serdar Berdymoukhamedov, président du Turkménistan, l'un des cinq Etats riverains de la Caspienne avec la Russie, le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan et l'Iran.
Mais l'immense superficie de cette mer à cheval entre l'Europe et l'Asie - 371.000 kilomètres carrés, supérieure à celle de l'Allemagne - se réduit d'année en année.
Un phénomène encore peu étudié et dont les raisons sont débattues par les scientifiques, qui estiment que les variations naturelles sont aggravées par le changement climatique.
Dans la ville turkmène de Khazar, selon des images satellites, la mer a été repoussée à 800 mètres de la côte. Et au large, une île est même sortie des eaux.
Alors désormais, le matelot Batyr conduit ses passagers dans la presqu'île de Gyzylsouv, où la situation n'est guère plus reluisante, avec ses dizaines de bateaux rouillés.
Fluctuations
A Turkmenbachy, plus grande ville côtière du Turkménistan, le rivage s'éloigne lui aussi, inexorablement.
Si Mme Essenova doit désormais marcher plus longtemps pour rejoindre la mer, l'assèchement progressif de la Caspienne a des conséquences autrement plus graves, notamment sur l'économie. Car l'ensablement menace directement toutes les infrastructures du littoral caspien, dont l'un des principaux ports d'Asie centrale, à Turkmenbachy, crucial pour le commerce entre les continents asiatique et européen.
Problème le plus urgent
Au point que les autorités du Turkménistan sont sorties de leur réserve, fait rare dans ce pays riche en hydrocarbures où l'information est strictement contrôlée par le régime, qui cultive le goût du secret.
Pour l'instant, la collaboration entre les Etats riverains sur ce sujet est encore embryonnaire, après des années de dissensions pour le contrôle des immenses réserves d'hydrocarbures de cette mer.