Avec l'arrivée de Chery en Espagne, la Chine accélère son offensive automobile en Europe

17:5919/04/2024, vendredi
AFP
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez prononce un discours à la suite de la signature d'un accord de coentreprise entre Ebro-EV Motors et le constructeur automobile chinois Chery dans l'ancienne usine Nissan de Barcelone le 19 avril 2024.
Crédit Photo : Josep LAGO / AFP
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez prononce un discours à la suite de la signature d'un accord de coentreprise entre Ebro-EV Motors et le constructeur automobile chinois Chery dans l'ancienne usine Nissan de Barcelone le 19 avril 2024.

Le constructeur automobile chinois Chery a officialisé vendredi son arrivée en Espagne, où il produira des voitures, principalement électriques, d'ici la fin 2024. Une nouvelle illustration des ambitions de Pékin sur le marché européen, en plein bras-de-fer avec Bruxelles.

Chery, connu pour ses voitures bon marché, est la deuxième marque chinoise à annoncer une implantation en Europe, après le géant BYD, qui a officialisé en février la construction de sa première usine européenne en Hongrie. Cette dernière ne sera cependant opérationnelle que dans trois ans.


L'implantation de Chery, dont le principe avait été annoncé mardi, se fera dans le cadre d'une coentreprise avec l'espagnol Ebro-EV Motors, groupe spécialisé dans la fabrication de pick-up électriques et fondé sur les cendres d'une ancienne marque de camions et d'utilitaires disparue en 1987.

Cette joint-venture, détenue majoritairement par Ebro-EV Motors, sera implantée sur l'ancien site Nissan de Barcelone, qui a fermé en 2021. Elle permettra la création de
"1.250 postes de travail"
, dont
"150 dans les prochains mois"
, ont précisé vendredi les deux partenaires dans communiqué.

Le site Nissan de Barcelone, où travaillaient 3.000 personnes, a été partiellement cédé en 2021 au fabricant de motos Silence et à Ebro-EV Motors. Mais Madrid, en lien avec le groupe espagnol, cherchait un partenaire industriel pour le relancer pleinement.

Un symbole


Selon l'accord officialisé vendredi en présence du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez et du vice-président de Chery Guibing Zhang, le groupe chinois assemblera dès les prochains mois grâce aux infrastructures existantes - des véhicules thermiques et électriques de son modèle Omoda 5.


Cette production sera complétée à partir du quatrième trimestre 2024 par des SUV électriques commercialisés sous la marque Ebro. Dans leur communiqué, Chery et Ebro disent parier sur une production totale de
"50.000 véhicules"
en 2027 et de
"150.000 véhicules à l'horizon 2029".

Ce projet
"va se traduire par la création de richesses"
et
"d'emplois"
, s'est félicité, dans un discours, Pedro Sánchez, voyant dans l'annonce de Chery et d'Ebro
"un symbole du processus de réindustrialisation"
à l'oeuvre
"dans l'ensemble de l'Espagne".

Fondée en 1997, Chery est une entreprise publique. La marque, qui dit avoir vendu 1,88 million de véhicules en 2023, était très populaire il y a une quinzaine d'années en Chine, notamment avec une petite citadine essence destinée au marché local.


Si elle ne fait pas encore partie des constructeurs chinois les plus respectés sur l'électrique, Chery a entamé son virage vers ce créneau et le plus haut de gamme. Elle se présente comme le principal exportateur chinois de véhicules dans le monde (937.000 en 2023).


Vives tensions


La décision de Chery confirme le rôle prépondérant joué par l'Espagne dans le secteur automobile. L'an dernier, 1,87 million de voitures ont ainsi été assemblées dans le pays, deuxième producteur européen derrière l'Allemagne (3,96 millions), selon l'Association des constructeurs européens d'automobiles.

Elle survient dans un contexte de vives tensions commerciales entre Pékin et Bruxelles, qui a ouvert une enquête en septembre sur les subventions publiques accordées par les autorités chinoises au secteur des véhicules électriques, accusées de fausser la concurrence.


Ces subventions permettent d'afficher des prix
"artificiellement bas"
, a justifié la Commission européenne, qui pourrait infliger des droits de douane punitifs aux véhicules chinois, au risque de déclencher une guerre commerciale avec Pékin.

Selon les experts, le fait d'implanter des usines sur le sol européen permettrait aux groupes chinois de contourner les éventuelles taxes douanières que Bruxelles pourrait imposer sur les importations de voitures, et d'avoir une meilleure intégration sur le marché continental.


Le marché chinois de l'électrique, particulièrement dynamique, a vu naître ces dernières années des dizaines de marques locales comme BYD, Zeeker, Nio, XPeng ou Great Wall, qui rivalisent désormais avec l'américain Tesla et d'autres constructeurs étrangers.

Plusieurs d'entre elles tentent aujourd'hui de renforcer leur présence en Europe, où certaines disposent déjà de points de vente et de centres de recherche et développement. Elles se plaignent de la présence d'obstacles, imposés selon elles à la demande des constructeurs historiques européens.


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