Crédit Photo : REMKO DE WAAL / ANP / AFP
Le nouveau Premier ministre néerlandais Dick Schoof et le roi Willem-Alexander des Pays-Bas (D) signent les décrets royaux au palais Huis ten Bosch à La Haye, le 2 juillet 2024.
L'ex-chef du renseignement néerlandais Dick Schoof a été investi mardi Premier ministre des Pays-Bas, à la tête d'un gouvernement de coalition de droite chargé de mettre en oeuvre la politique d'immigration "la plus stricte jamais vue" dans le pays.
Plus de sept mois après la victoire électorale retentissante du dirigeant d'extrême droite Geert Wilders, surprenant le pays et l'Europe entière, M. Schoof succède à Mark Rutte, au pouvoir depuis 2010. Ce dernier a été nommé secrétaire général de l'Otan.
M. Schoof a présenté ses ministres au roi des Pays-Bas Willem-Alexander sous les ors d'un palais royal de La Haye. Chacun a fait un pas pour prêter allégeance au souverain et à la constitution.
M. Wilders a dû renoncer à son ambition de devenir Premier ministre, certains partis ayant menacé de se désolidariser à cause de ses positions notoirement anti-islam et eurosceptiques.
Au lieu de cela, les quatre formations de la coalition ont convenu que leurs dirigeants ne feraient pas partie du gouvernement et un compromis a été trouvé en la personne de M. Schoof, 67 ans, sans parti.
Cet amateur de marathon aura besoin de toute son endurance et de son expérience dans les couloirs du pouvoir de La Haye pour maintenir debout une coalition fragile.
Il
"aura beaucoup de travail à garder sous contrôle les conflits idéologiques et personnels",
observe auprès de l'AFP Sarah de Lange, professeure de pluralisme politique à l'Université d'Amsterdam.
Selon un sondage Ipsos publié mardi, la confiance de l'opinion dans le gouvernement est remontée à 42%, après un plus bas de septembre 2022 à 29%.
Ex-chef de l'agence antiterroriste
M. Schoof a affirmé être
pour mettre en oeuvre les plans de cette coalition, qui vise à instaurer
"la politique d'admission en matière d'asile la plus stricte jamais réalisée"
et un paquet de mesures
"pour contrôler la migration".
L'accord de coalition de 26 pages, intitulé "Espoir, courage et fierté", appelle également à examiner l'idée de déplacer l'ambassade des Pays-Bas en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem.
M. Schoof veut être
"un Premier ministre pour tous les citoyens néerlandais".
Et de déclarer:
Je suis sans parti. Je ne me vois pas être tenu en laisse par M. Wilders.
"Compte tenu de sa vaste expérience à la tête d'agences gouvernementales, il saura sûrement comment défendre sa position"
, estime Mme De Lange.
"La question reste ouverte de savoir comment il réagira si Wilders tente de le mettre sous pression en exprimant publiquement des critiques sur son fonctionnement sur X (Twitter)",
estime-t-elle.
Dick Schoof a joué un rôle clé dans diverses situations de crises, notamment dans l'enquête après la destruction du vol MH17 de la Malaysian Airlines en 2014 au-dessus de l'Ukraine. Il était alors à la tête de l'agence antiterroriste des Pays-Bas.
Les 298 personnes à bord ont été tuées – dont 196 Néerlandais – par un missile BUK de fabrication russe tiré depuis un territoire tenu par des combattants pro-russes.
Ancien membre du Parti travailliste, Dick Schoof a le soutien du leader de l'opposition de gauche Frans Timmermans, qui l'a néanmoins décrit comme
"clairement le candidat de Wilders".
Le virage à droite des Pays-Bas se fait sur fond de montée des partis d’extrême droite dans plusieurs pays européens, comme en France où le Rassemblement national (RN) est arrivé en tête dimanche du premier tour des élections législatives.
Aux Pays-Bas, la passation de pouvoir met un terme aux 14 années passées par Mark Rutte dans la "Tourette" - le bureau du Premier ministre à La Haye - un record de longévité aux Pays-Bas.
Ses mandats de Premier ministre n'ont pas été sans accroc mais il a su rester au pouvoir, gagnant le surnom de "Téflon Mark" pour sa capacité à résister aux scandales.
Dans un discours d'adieu solennel dimanche, il a présenté ses excuses pour un scandale dans lequel des milliers de parents ont été accusés à tort - dans certains cas après un profilage racial - d'avoir touché frauduleusement des allocations familiales.
Il s'est également dit désolé pour les tremblements de terre causés par l'extraction de gaz dans la région de Groningue, dans le nord du pays.
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