Trois blocs, dont celui mené par l'ex-Premier ministre Imran Khan, actuellement emprisonné, sont au coude à coude vendredi dans le décompte des sièges pour les élections au Pakistan, mais la lenteur du dépouillement n'a fait qu'ajouter aux soupçons de manipulation.
Le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI) d'Imran Khan n'a pas été autorisé à se présenter en tant que parti aux élections de jeudi. Mais les résultats officiels préliminaires donnent 26 sièges aux candidats indépendants liés au PTI pour le scrutin législatif, soit cinq de plus que la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) de la famille Sharif qui était pourtant la favorite du scrutin.
Le Parti du peuple pakistanais (PPP), de Bilawal Bhutto Zardari, représentant l'autre dynastie politique du pays, fait aussi mieux que prévu avec 26 sièges également, selon la Commission électorale.
Si ces résultats se confirment, aucun des trois blocs ne semble en mesure d'obtenir la majorité absolue et de gouverner seul. Il faudra au vainqueur nouer des alliances pour former un gouvernement de coalition, toutes les options paraissant ouvertes.
Ce n'est assurément pas la conclusion déterminée à l'avance que tout le monde attendait
La PML-N reste toutefois bien placée pour remporter la province du Pendjab, la plus peuplée du pays, a souligné sa porte-parole, Marriyum Aurangzeb.
La PML-N et le PPP avaient formé un gouvernement de coalition, sous la direction de Shehbaz Sharif, le frère de Nawaz, après l'éviction d'Imran Khan du poste de Premier ministre par une motion de censure en avril 2022.
Le PPP s'était ensuite distancé de la PML-N pendant la campagne et semble avoir moins pâti de l'impopularité de ce gouvernement. Son chef, Bilawal Bhutto Zardari, fils de l'ancienne Première ministre Benazir Bhutto, assassinée en 2007, a évoqué des résultats "très encourageants".
La coupure par les autorités des services de téléphonie et d'internet mobiles pour la journée électorale jeudi avait encore renforcé les doutes sur la régularité des élections.
La posture anti-establishment de l'ancienne star du cricket explique que sa popularité est restée intacte, malgré un passage au pouvoir marqué par la détérioration de la situation économique.
Il a défié de front l'armée, qui a dirigé le pays pendant des décennies et était pourtant soupçonnée de l'avoir soutenu en 2018. Il l'a accusée d'avoir orchestré sa chute en 2022 et lui a attribué ses ennuis judiciaires.
L'armée a indiqué que 51 attaques avaient eu lieu jeudi qui ont fait 12 morts, dont 10 membres des forces de sécurité.