En Mongolie, bain de foule surchauffé pour un Premier ministre en campagne

18:1527/06/2024, jeudi
AFP
Le Premier ministre mongol Luvsannamsrain Oyun-Erdene s'exprime lors d'un rassemblement avec les candidats parlementaires du Parti du peuple mongol dans la ville de Zuunmod, en Mongolie, le 26 juin 2024, avant les élections parlementaires du 28 juin.
Crédit Photo : Hector RETAMAL / AFP
Le Premier ministre mongol Luvsannamsrain Oyun-Erdene s'exprime lors d'un rassemblement avec les candidats parlementaires du Parti du peuple mongol dans la ville de Zuunmod, en Mongolie, le 26 juin 2024, avant les élections parlementaires du 28 juin.

Drapeaux, musiques patriotiques et tenues traditionnelles: en campagne pour son parti pour les législatives de vendredi, le Premier ministre de Mongolie Luvsannamsrain Oyun-Erdene est en terrain conquis en zones rurales.

Les électeurs de Mongolie, immense pays d'Asie mais peu peuplé (3,4 millions d'habitants) au regard de ses voisins la Chine et la Russie, éliront 126 membres au parlement national, le Grand Khural d'Etat. Le Parti du peuple mongol (PPM), actuellement au pouvoir et dirigé par le Premier ministre Luvsannamsrain Oyun-Erdene, devrait conserver la majorité, dont il jouit depuis 2016.


Mercredi, le Premier ministre s'est rendu en périphérie de la capitale Oulan-Bator, où l'attendaient des électeurs en pleine ferveur dans un complexe sportif dont l'architecture ressemble à une yourte, la tente traditionnelle mongole. Drapeaux du pays et du parti au pouvoir, au milieu d'images de lutteurs mongols, donnent une touche résolument locale à ce dernier rassemblement avant le scrutin de vendredi.


À l'instar d'autres sympathisants rencontrés ce jour-là par l'AFP, Regzen Myagmar est venu spécialement à ce meeting avec un ami pour y
"rencontrer le Premier ministre"
.
"C'est un homme bien"
, assure cet éleveur à la retraite de 57 ans, dans des bottes noires montantes qui lui arrivent aux genoux. En Mongolie, pays rural, agriculteur est la profession la plus répandue.

Vœux de discipline


Dans une salle chauffée à bloc à grand renfort d'applaudissements et de musiques patriotiques, d'autres portent un chapeau de cow-boy, donnant au rassemblement politique des airs de rodéo. Les femmes ont elles opté pour un
"deel"
, le vêtement traditionnel emblématique des nomades de Mongolie.

Devant un public plutôt âgé acquis à sa cause, Luvsannamsrain Oyun-Erdene monte sur scène sous un tonnerre d'applaudissements et entonne l'hymne national mongol, la main sur la poitrine, aux côtés de neuf autres candidats en lice pour ces élections.


Tserendagva Chantsaldulam, une bergère à la retraite, est là pour soutenir
"(son) parti",
le PPM, dont elle est membre depuis quatre ans.
"Le Premier ministre a choisi un grand nombre de professionnels pour cette élection"
, souligne la femme de 67 ans. "Des gens qui savent faire des choses" comme des ingénieurs et des techniciens, ajoute-t-elle.

Les inquiétudes restent vives à l'égard d'un pouvoir d'achat mis à mal par l'inflation (elle est actuellement à 7%) et par le sentiment chez nombre de Mongols d'une corruption généralisée. Lors du meeting, le Premier ministre a accusé ses opposants politiques d'avoir transformé la Mongolie en un
"pays de dirigeants corrompus"
et appelé à un retour de la
"discipline"
. Durant son mandat toutefois, le pays a fortement chuté dans le classement de l'ONG Transparency International, basé sur l'indice de perception de la corruption.

"Demander des comptes"


Selon des détracteurs du gouvernement, la liberté de la presse et l'État de droit ont également reculé ces dernières années. Janchiv Erdenetuya, une agricultrice de 45 ans, estime que le système judiciaire n'en fait pas assez contre la corruption.


Le gouvernement doit, selon elle, avoir plus de pouvoir.
"Toutes ces affaires (de corruption) se terminent devant les tribunaux mais rien n'avance"
, déplore-t-elle auprès de l'AFP, arborant une casquette et un t-shirt rouges avec l'emblème du PPM.
"Je suis certaine que si les députés ont plus de pouvoir (...) ces problèmes seront résolus"
, assure Janchiv Erdenetuya.

Considéré comme le successeur du Parti communiste qui a gouverné le pays d'une main de fer pendant près de 70 ans, le PPM est populaire, notamment auprès des habitants des campagnes et des seniors. Dans la rue à l'extérieur du rassemblement, il est en revanche loin de faire l'unanimité auprès de la jeunesse.

"J'aimerais voir un Premier ministre qui respecte les jeunes, leurs opinions et leurs préoccupations, avec des réponses directes"
, regrette Davaajargal Baasandeberel, une agricultrice de 26 ans, qui a préféré quitter le meeting.
"Si (le PPM au pouvoir) ne tient pas ses promesses, on a le devoir de lui demander des comptes"
.

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