Évasion spectaculaire d'un dangereux chef de gang, mutineries en cascade dans les prisons, proclamation de l'état d'urgence et policiers enlevés: le président équatorien Daniel Noboa, élu en novembre sur la promesse de juguler l'insécurité, est confronté depuis deux jours à sa première vraie crise.
Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre trois des agents enlevés assis par terre, dont l'un est contraint, sous la menace d'armes de poing, de lire un message adressé au chef de l'État:
Vous avez déclaré la guerre, vous allez avoir la guerre (...). Vous avez déclaré l'état d'urgence, nous déclarons la police, les civils et les militaires butins de guerre.
M. Noboa a décrété lundi l'état d'urgence pendant 60 jours dans l'ensemble de son pays, y compris dans les prisons, avec un couvre-feu entre 23H00 et 05H00 heures locales (04H00 et 10H00 GMT).
"Fito" recherché
Ces mesures ont été prises au lendemain de l'évasion d'Adolfo Macias, alias "Fito", 44 ans, le chef des "Choneros". Un gang d'environ 8.000 hommes, selon les experts, devenu le principal acteur du trafic de drogue florissant en Équateur.
Lundi M. Noboa a dit dans une vidéo diffusée par la présidence:
Je viens de signer le décret sur l'état d'urgence pour que les forces armées aient tout le soutien politique et juridique dans leurs actions.
L'armée est ainsi autorisée à assurer le maintien de l'ordre dans les rues et les prisons.
Lundi le président Noboa a insisté:
Nous ne négocierons pas avec les terroristes et on ne s'arrêtera pas tant que nous n'aurons pas rendu la paix à tous les Équatoriens.
"Crise sans précédent"
Après l'instauration de l'état d'urgence, la police a également signalé des violences dans la province d'Esmeraldas (nord-ouest), contrôlée par des gangs. Un engin explosif a été lancé près d'un commissariat et deux véhicules ont été incendiés.
Des policiers et des soldats ont pénétré lourdement armés dans plusieurs prisons, notamment dans celles où des gardiens ont été séquestrés.
Le nom de "Fito" a fait la Une ces derniers mois après l'assassinat début août de l'un des principaux candidats à l'élection présidentielle. La victime, un ancien journaliste et parlementaire, avait fait état peu avant son exécution de menaces de mort de la part du chef des Choneros.
Les prisons connaissent des massacres récurrents entre bandes rivales, au moins douze depuis février 2021 qui ont fait plus de 460 morts parmi les détenus.
Le prédécesseur de M. Noboa, le conservateur Guillermo Lasso, a décrété l'état d'urgence à plusieurs reprises sous sa présidence, sans jamais réussir à mettre fin à la crise dans les prisons ou endiguer les violences qui ensanglantent l'Équateur.