Plus de 200.000 mineurs ont été victimes de pédocriminalité de la part de religieux en Espagne, un chiffre qui passerait à plus de 400.000 si on inclut les agressions sexuelles commises par des laïcs travaillant pour des institutions de l'Église catholique, selon un rapport publié vendredi. Les évêques espagnols ont présenté lundi leurs excuses estimant que ces données "ne correspondent pas à la vérité".
Ces estimations découlent des travaux de la première commission indépendante mise sur pied en Espagne pour évaluer l'ampleur de la pédocriminalité dans l'Église, qui a remis son rapport de 777 pages au Congrès des députés.
Interrogée par l'AFP sur ce rapport et les propos de Gabilondo, une porte-parole de la Conférence épiscopale a indiqué que l'Église ne réagirait pas dans l'immédiat.
Elle a rappelé que la Conférence épiscopale avait annoncé dans la matinée, juste avant la présentation du rapport, qu’elle tiendrait lundi prochain une assemblée plénière extraordinaire pour débattre de ce document.
"Fait marquant"
Le rapport ne fournit pas d'estimations chiffrées sur le nombre des victimes, mais il contient un sondage - le premier du genre - effectué à la demande de la commission auprès de plus de 8.000 personnes qui permet de déduire l'ampleur du fléau.
Sur ce total, 0,6% d'entre elles (soit plus de 230.000 personnes) disent avoir subi une agression sexuelle de la part de religieux, alors qu'une proportion légèrement inférieure (0,53%, soit plus de 200.000 personnes) ont indiqué avoir été agressées sexuellement alors qu'elles étaient mineures par des laïcs travaillant dans des institutions religieuses, par exemple des enseignants.
"Le début de quelque chose"
Les représentants des associations de victimes se sont, dans l'ensemble, montrés satisfaits du rapport de la commission.
C'est un rapport sérieux, qui répond aux revendications des victimes.
Contrairement à la France, à l'Allemagne, à l'Irlande ou aux États-Unis, l'Espagne, pays à très forte tradition catholique, n'avait encore jamais réalisé une enquête indépendante sur ce thème.
À titre de comparaison, une commission indépendante avait recensé 216.000 mineurs victimes depuis 1950 en France.
Celle-ci, qui a refusé pendant des années toute enquête sur la pédocriminalité en son sein, n'a pas voulu participer aux travaux de la commission. Elle a toutefois accepté de lui remettre en mars des informations sur les cas de pédocriminalité collectées par les diocèses.
Confrontée à une pression politique croissante et à des accusations d'obstruction, elle avait fait un premier pas en février 2022 en lançant son propre audit externe, confié à un cabinet d'avocats. La publication est prévue à la fin de l'année.
Pardon des évêques
Mardi matin, la CEE doit organiser une conférence de presse sur le sujet.
L'an dernier, la CEE avait commandé un audit pour recenser les cas de violences sexuelles au sein de l'institution religieuse auprès d'un cabinet d'avocats, lequel a demandé plus de temps pour terminer son enquête.