Mozambique: 1.500 détenus s'évadent profitant des troubles post-électoraux

10:0926/12/2024, Perşembe
AFP
Un officier de police et un détenu marchent dans la cour de la prison de haute sécurité de Maputo, le 6 novembre 2023.
Crédit Photo : Alfredo ZUNIGA / AFP Archive
Un officier de police et un détenu marchent dans la cour de la prison de haute sécurité de Maputo, le 6 novembre 2023.

Plus de 1 500 détenus se sont évadés mercredi d'une prison de haute sécurité de Maputo, profitant de l'agitation au troisième jour des troubles au Mozambique, déclenchés après la confirmation de la victoire du Frelimo, alors que l'opposition dénonce des fraudes.

En tout,
"1 534 détenus se sont échappés de la prison"
de haute sécurité située à une quinzaine de kilomètres de la capitale, a confirmé dans la soirée Bernardino Rafael, chef de la police nationale, lors d'une conférence de presse.

Parmi les évadés, 33 ont été tués et quinze blessés lors des affrontements qui ont suivi avec le personnel pénitentiaire, a-t-il précisé. Les opérations de recherche, appuyées par l'armée, ont permis d'arrêter quelque 150 fugitifs. Parmi les prisonniers évadés figurent une trentaine de détenus liés aux groupes terroristes qui sèment la terreur depuis sept ans dans la province septentrionale du Cabo Delgado.

Le chef de la police a commenté:


Nous sommes particulièrement préoccupés par cette situation.

En dépit des irrégularités soulevées par nombre d'observateurs lors des élections du 9 octobre, le Conseil constitutionnel a confirmé lundi que le candidat du Frelimo, au pouvoir depuis l'indépendance en 1975, avait gagné l'élection présidentielle avec 65,17 % des voix.


L'opposition, emmenée par un charismatique ex-commentateur de la télévision passé dans la clandestinité à l'étranger, Venancio Mondlane, réclame une
"justice électorale",
appelant à manifester pour dénoncer cette élection
"volée".

Nombre des 33 millions d'habitants de ce pays africain lusophone espéraient que ces élections marqueraient un tournant, mais la durée du mouvement de protestation a surpris les observateurs, dans un pays encore hanté par la guerre civile (1975-1992).

Mercredi, des groupes de manifestants se sont approchés de la Prison Centrale, créant de la confusion et du bruit, ce qui a suscité de l'agitation parmi les détenus. Ces derniers ont fini par faire tomber un mur par lequel ils se sont échappés, a expliqué le chef de la police.


Des barricades restaient érigées mercredi dans plusieurs quartiers de la capitale, filtrant les rares véhicules tentant de circuler. Des actes de vandalisme se sont également poursuivis.


Climat d'insécurité


Outre les boutiques et bâtiments publics déjà mis à sac depuis lundi, plusieurs ambulances ont été incendiées, tout comme un dépôt de médicaments et d'autres commerces de proximité, a constaté un correspondant de l'AFP.


Certains manifestants avaient dressé des tables dans la rue pour continuer à occuper le terrain tout en fêtant Noël en famille ou avec leurs voisins, a observé l'AFP dans plusieurs quartiers populaires de Maputo.


Quelques riverains s'aventuraient dehors, tentant d'acheter de quoi boire et manger, mais beaucoup de supermarchés ont été vandalisés. Seules quelques épiceries de quartier ont timidement rouvert pendant quelques heures.


Deux mois de manifestations, de grèves et de blocages ont déjà coûté la vie à au moins 150 personnes, selon plusieurs bilans croisés d'ONG.


Le gouvernement mozambicain a annoncé mardi soir un bilan de 21 morts, dont deux policiers, en seulement 24 heures. Aucun bilan pour la journée de mercredi n'a été communiqué.

Le ministre de l'Intérieur, Pascoal Ronda, a aussi répertorié 236 "actes de violences graves" entre lundi soir et mardi soir.


Il a précisé que
"des groupes d'hommes munis d'armes blanches et d'armes à feu avaient mené des attaques"
contre notamment onze commissariats et une autre prison, d'où 86 détenus s'étaient échappés mardi.

Le chef de la police a affirmé mercredi soir craindre que ces fugitifs ne se regroupent avec d'autres criminels, aggravant ainsi l'insécurité dans les prochains jours au Mozambique.


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