France-Afrique: La gauche dénonce les propos "coloniaux" de Macron

David Bizet
12:327/01/2025, mardi
Yeni Şafak
Le président français Emmanuel Macron gesticule au Palais de l'Élysée à Paris, le 6 janvier 2025.
Crédit Photo : Sarah Meyssonnier / AFP
Le président français Emmanuel Macron gesticule au Palais de l'Élysée à Paris, le 6 janvier 2025.

Commentant le départ des troupes françaises d'Afrique, le président Emmanuel Macron a provoqué une polémique en déclarant lundi que les dirigeants africains devraient remercier la France pour son rôle dans leur souveraineté. Des propos qui ont suscité l'indignation chez les africains mais aussi chez la gauche française.

Lors d'un discours prononcé ce lundi 6 janvier, Emmanuel Macron a exprimé une vive irritation en commentant le retrait des troupes françaises du Tchad et du Sénégal.
"Je crois qu'on a oublié de nous dire merci",
a déclaré le président français, ajoutant
"pour tous les gouvernants africains qui n'ont pas eu le courage vis à vis de leur opinion publique de le porter: aucun d'entre eux ne serait aujourd'hui avec un pays souverain si l'armée française ne s'était pas déployée dans cette région".


Ces propos, teintés de frustration, interviennent alors que la présence militaire française en Afrique est de plus en plus contestée et que plusieurs pays ont choisi de redéfinir leur coopération sécuritaire avec d'autres partenaires.


Silence à droite, indignation à gauche


Du côté de la droite française, ces déclarations n'ont suscité que peu de réactions, laissant entendre qu'un silence vaut consentement. En revanche, la gauche n'a pas tardé à réagir. Plusieurs voix ont dénoncé une rhétorique jugée condescendante et dépassée, soulignant le besoin de respecter pleinement la souveraineté des nations africaines.


Antoine Léaument, député de la France Insoumise dans l'Essonne, a ainsi déclaré sur X que
"les mots de Macron sur les pays africains"
sont
"inadmissibles"
. L'élu pointe un
"ton moralisateur et colonial"
qui n’aurait
"jamais dû être employé", "ni aujourd’hui, ni hier".

Le ton colonial a également été pointé du doigt par Thomas Porte, député LFI en Seine-Saint-Denis, qui a agrémenté le commentaire du président d'un
"Merci Monsieur le colon",
toujours sur X.


Aly Diouara, également député LFI en Seine-Saint-Denis, a quant à lui dénoncé un discours
"pire que celui de Dakar du Président Sarkozy"
. L'élu a dénoncé
"la constance dans le mépris et l'insulte du président Macron à l'encontre des populations africaines, haïtiennes, mahoraises, antillaises et in fine françaises"
. L'élu s'est dit
"particulièrement humilié et blessé"
à titre personnel par les propos d'Emmanuel Macron.

Pour sa part, Jean-Luc Mélenchon, chef de file des Insoumis a réagi en pointant du doigt les conséquences des propos d'Emmanuel Macron. L'édile de la gauche a déclaré:
"Les propos du Président Macron à propos du départ prétendument négocié de l'armée française au Sénégal et au Tchad sont démentis par les deux pays. Encore une fois, la désinvolture et les paroles non maîtrisées aggravent les relations internationales de notre pays. La diplomatie insoumise permettra le moment venu d'autres résultats".

Réactions africaines


Les élus de la gauche française ne sont pas les seuls à avoir réagi aux propos de Macron. Ousmane Sonko, Premier Ministre du Sénégal, et la diplomatie tchadienne ont aussi dénoncé le discours du Président français. Ces tensions diplomatiques illustrent une fracture persistante entre les attentes des dirigeants africains et la perception française de son rôle sur le continent.


L'épisode risque d'alimenter encore davantage le débat sur la politique africaine de la France, à un moment où les relations bilatérales connaissent un tournant historique.


Si Emmanuel Macron peine à réunir en France, en Afrique il aura réussi à réconcilier les Etats africains et leur population... contre lui.


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