Le président de la mosquée de Pessac, Abdourahmane Redouane.
La condamnation, lundi, par le tribunal judiciaire de Meaux, du président de la mosquée Al Farouk de Pessac (Gironde), Abdourahmane Ridouane, à une peine de 4 mois de prison continue d'inquiéter. Alors que la justice a également prononcé à son encontre, une interdiction du territoire français pendant deux ans, de nombreux soutiens de la cause palestinienne, dénoncent la répression qui vise de nombreux militants et responsables associatifs.
Dans un entretien à Anadolu, l'avocat d'Abdourahmane Ridouane, Maître Sefen Guez Guez, est revenu en détail sur cette condamnation qui intervient alors que son client se trouve dans le viseur des autorités depuis plusieurs années, notamment en raison de ses positions politiques.
"En condamnant M. Ridouane le tribunal lui a dénié sa liberté d'expression face à un conflit qui mérite la pluralité des points de vue loin d'un discours uniforme et calqué sur les déclarations d'officiels occidentaux"
grince l'avocat.
Ce dernier, qui a immédiatement fait appel de la décision, assure qu'Abdourahmane Ridouane
"continue à se battre face à ses prochains rendez-vous judiciaires"
.
En effet, dans le cadre d'une précédente procédure administrative, le président de la mosquée de Pessac a été privé du renouvellement de son titre de séjour alors même qu'il est installé en France depuis le début des années 90.
Se trouvant de fait en situation irrégulière, il a été placé en CRA (Centre de rétention administrative) le 8 août dernier avant d'être finalement relâché début novembre, les autorités n'étant pas parvenues à obtenir un laissez-passer consulaire de la part du Niger, d'où il est originaire.
Quelques jours avant l'échéance maximale de 90 jours de rétention administrative, le ministère de l'intérieur avait effectué un signalement pour une publication datée du 3 août, dans laquelle il qualifiait Ismaïl Haniyeh, de
"frère, père, résistant et commandant infatigable"
.
Son avocat, maître Sefen Guez Guez, dénonçait alors auprès d'Anadolu, une
"procédure-bâillon fondée sur des propos datant de plusieurs mois"
et qui visait
"à empêcher la remise en liberté"
de son client, déjà
"privé de ses proches depuis le 08 août 2024 et loin de la mosquée de Pessac qu'il a fondée"
.
"Pour empêcher sa sortie, le Ministre de l'Intérieur a fait un signalement le 28 octobre dernier de propos qui relèveraient selon lui de l'apologie d'acte de terrorisme"
expliquait le conseil.
Et de poursuivre:
"Nous dénonçons la particulière célérité avec laquelle le Parquet a déféré au signalement du Ministère de l'intérieur pour mettre en échec la perspective d'une libération du président de la mosquée de Pessac. En 48h, un homme a été placé en garde à vue, alors qu'il a fallu plus de 12 mois pour que Meyer Habib, auteur de propos sur le peuple palestinien qualifié de cancer, voit s'ouvrir une simple enquête à son encontre"
.
Pour rappel, le Conseil d'Etat a rejeté, en septembre dernier, le recours intenté par le président de la mosquée de Pessac (Gironde), Abdourahmane Ridouane, pour contester son expulsion du territoire français.
La plus haute juridiction administrative du pays a en effet considéré dans sa décision, que les publications de l'intéressé étaient de nature à justifier son expulsion, et qu'il
"ne prouve pas qu'elle constituerait une atteinte à ses libertés fondamentales"
.
Le tribunal administratif de Paris s'était déjà prononcé en ce sens dès le 10 août, en établissant les mêmes conclusions pour des publications notamment en lien avec la guerre en cours à Gaza.
Cette décision était prise alors qu'il avait pourtant remporté, quelques jours plus tôt, un recours intenté en référé devant la justice administrative enjoignant la préfecture à lui délivrer un titre de séjour.
Dans le courant du mois de juin, le tribunal judiciaire de Bordeaux avait par ailleurs émis un avis défavorable à cette expulsion.
Pour la commission chargée d'examiner la demande d'expulsion formulée par la Préfecture "les publications Facebook de M. Ridouane - unique fondement utilisé par la Préfecture - ne démontrent pas que ce dernier aurait un comportement de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de l'Etat », relatait alors maître Sefen Guez Guez, l'avocat d'Abdourahmane Ridouane.
Dans un entretien à Anadolu, ce dernier estimait que son client était ciblé par les autorités en raison de
"son attachement à la défense de la cause palestinienne et sa critique de la politique internationale de la France, y compris au Niger, son pays d'origine"
.
Si Abdourahmane Ridouane a bien été perquisitionné et interpellé le 8 août dernier et placé en CRA dans l'attente de son expulsion, les autorités ne sont pas parvenue à le renvoyer au Niger, d'où il est arrivé en 1990.
De fait, il a été assigné à résidence à sa sortie du CRA et reste placé sous contrôle judiciaire.
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