Gaza: l’Union des municipalités alerte sur une catastrophe liée à l’accumulation de 700 000 tonnes de déchets

La rédaction avec
18:0114/11/2025, Cuma
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Des Palestiniens réparent leur abri de fortune alors que les premières pluies hivernales s'abattent sur un camp de déplacés à Gaza, le 14 novembre 2025.
Crédit Photo : OMAR AL-QATTAA / AFP
Des Palestiniens réparent leur abri de fortune alors que les premières pluies hivernales s'abattent sur un camp de déplacés à Gaza, le 14 novembre 2025.

L’Union des municipalités de la bande de Gaza a alerté vendredi sur les dangers liés à l’accumulation de 700 000 tonnes de déchets sur des sites de dépôt improvisés.

Les municipalités sont désormais incapables d’assurer même le minimum des services essentiels en raison d’une grave pénurie de carburant et d’équipements.


Alaa Al-Batta, vice-président de l’Union, a expliqué à Anadolu que les municipalités se retrouvent face à une "équation impossible": infrastructures massivement détruites, manque de carburant, machines et équipements anéantis au cours de ce qu’il qualifie de génocide mené par Israël contre les Palestiniens.


Selon lui, ces facteurs combinés empêchent les municipalités d’assurer les services de base pour les habitants et les déplacés, malgré un mois écoulé depuis l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, sans amélioration notable.


Accumulation des déchets


Al-Batta a mis en garde contre une catastrophe sanitaire et environnementale imminente.


Environ 700 000 tonnes de déchets s’entassent dans le nord et le sud de la bande de Gaza, Israël empêchant l’accès aux principales décharges situées dans des zones frontalières sous son contrôle, à l’est de la « ligne jaune » établie dans le cadre du cessez-le-feu.


Cette accumulation favorise la prolifération de moustiques et de rongeurs et la contamination des nappes phréatiques.


Pénurie de carburant


Al-Batta décrit la pénurie de carburant, en particulier pour les services municipaux, comme « la crise la plus urgente et la plus dangereuse » du moment.


Les municipalités doivent emprunter du carburant, et lorsqu’elles n’y parviennent plus, elles sont contraintes de réduire leurs opérations quotidiennes, faute de pouvoir faire fonctionner leurs véhicules et installations.


Il appelle à une intervention arabe et internationale rapide pour fournir le carburant indispensable au maintien des services essentiels.


Crise de l’eau


Selon Al-Batta, la crise de l’eau a atteint un niveau sans précédent : Israël a détruit plus de 700 puits en deux ans, soit 80 à 85 % des puits municipaux.


La quantité d’eau disponible par personne est passée de 90 litres par jour avant la guerre à 10–15 litres seulement aujourd’hui.


Il ajoute que les nappes phréatiques sont contaminées car les eaux usées se sont infiltrées dans le sol après la destruction délibérée des réseaux d’assainissement.


"Nous parlons d’une destruction quasi totale de près de 2 millions de mètres linéaires de réseaux d’égouts, et les municipalités n’ont plus les équipements nécessaires pour les réparer"
, précise-t-il.

Autres défis


Les employés municipaux ont travaillé dans des conditions extrêmement difficiles. Beaucoup ont été tués, d’autres ont continué à remplir leurs fonctions sans salaire.


Plus de 200 employés municipaux ont perdu la vie en pleine mission.


Environ 5 000 employés travaillent depuis 735 jours sans rémunération, malgré la guerre et les attaques répétées.


Les bâtiments municipaux ont été directement ciblés par les frappes israéliennes au cours des deux dernières années. Des équipements municipaux à Gaza, Khan Younès et Jabalia ont été détruits, dont des dizaines de machines essentielles.


Israël a également détruit 15 bulldozers fournis par des pays arabes et par l’Égypte durant la période de cessez-le-feu entre janvier et mars 2025.


Selon les données les plus récentes du Bureau des médias du gouvernement à Gaza, les pertes du secteur municipal et des services s’élèvent à environ 6 milliards de dollars.


Al-Batta souligne qu’Israël continue d’empêcher l’entrée de nouveaux équipements, ce qui limite fortement la capacité des municipalités à débarrasser les décombres, gérer les déchets, rouvrir les routes et faire face aux crises multiples.


Le Bureau des médias estime à 70 millions de tonnes la quantité de gravats laissés par la guerre, sous lesquels reposent les corps de milliers de Palestiniens.


Environ 9 500 personnes sont toujours portées disparues, probablement ensevelies sous les ruines ou dont le sort reste inconnu.


Depuis octobre 2023, Israël a tué plus de 69 000 Palestiniens, en majorité des femmes et des enfants, et en a blessé plus de 170 700 dans la bande de Gaza.


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