Les locaux de l'école Juan XXIII, à Cochabamba en Bolivie, où le prêtre espagnol Alfonso Pedrajas aurait commis la plupart de ses abus. Crédit photo: FERNANDO CARTAGENA / AFP
La Bolivie demande dans une lettre au pape François de lui communiquer tous les dossiers relatifs à des cas d'abus sexuels commis par des prêtres dans le pays, après des informations de presse sur des dizaines d'agressions, a annoncé la présidence.
Cette demande intervient après des informations dans la presse concernant le défunt prêtre espagnol Alfonso Pedrajas, dont le journal intime a révélé qu'il avait abusé de plus de 80 mineurs en Bolivie, où il était arrivé au début des années 1970.
"Je demande que la justice bolivienne ait accès à tous les dossiers, registres et informations concernant ces allégations et faits d'abus sexuels commis par des prêtres et religieux catholiques sur le territoire bolivien"
, écrit le président bolivien Luis Arce dans une missive adressée lundi au pape et présentée lors d'une conférence de presse.
Il ajoute que l'Etat bolivien se réserve le droit d'interdire l'entrée sur le territoire national des prêtres et religieux étrangers qui auraient des antécédents d'abus sexuels sur des mineurs.
L'affaire, révélée fin avril par le journal espagnol El Pais, a donné lieu en Bolivie à au moins huit plaintes contre des prêtres de la Compagnie de Jésus, dont M. Pedrajas et trois autres religieux espagnols, Luis Maria Roma, Alejandro Mestre et Antonio Gausset, aujourd'hui tous décédés.
C'est un proche d'Alfonso Pedrajas qui a remis au journal espagnol le carnet intime sous forme numérique du prélat mort à l'âge de 66 ans en Bolivie. Dans celui-ci le prêtre jésuite dit
"avoir fait du mal a beaucoup de personnes"
. Il dit aussi avoir été protégé par ses supérieurs.
Alfonso Pedrajas s'était installé au début des années 1970 en Bolivie, intervenant dans plusieurs écoles jusqu'à quelques mois avant sa mort. Il aurait commis la plupart de ses abus à l'école Jean XXIII, dans la ville de Cochabamba, dans le centre du pays.
Cet internat accueillait des enfants issus de milieux défavorisés et de zones rurales.
Un ancien prêtre jésuite Pedro Lima a assuré à l'AFP que des abus sexuels avaient également été commis sur des jésuites en formation.
"Parmi les victimes, il y a d'anciens jésuites qui ont été formés par cette personne"
, a assuré cet ancien prélat expulsé de la Compagnie de Jésus en 2001 pour avoir selon lui dénoncé des abus au sein de l'ordre.
La conférence épiscopale bolivienne a confirmé la visite du prêtre espagnol Jordi Bertomeu prochainement pour aborder la question des abus sexuels dans le pays. Ce dernier est l'un des hauts fonctionnaires du Dicastère, l'équivalent d'un ministère pour le Saint-Siège, pour la Doctrine de la Foi.
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