Kenya: le gouvernement dénonce des propos du nonce apostolique sur les manifestations

15:4116/08/2024, vendredi
AFP
Le gouvernement kényan a critiqué les déclarations "partiales" et "incendiaires" du nonce apostolique à Nairobi, après les manifestations meurtrières contre un projet de budget, dans une lettre publiée le 16 août et consultée par des journalistes.
Crédit Photo : Média X / Archive
Le gouvernement kényan a critiqué les déclarations "partiales" et "incendiaires" du nonce apostolique à Nairobi, après les manifestations meurtrières contre un projet de budget, dans une lettre publiée le 16 août et consultée par des journalistes.

Le gouvernement kényan a exprimé son mécontentement face aux déclarations "partielles", "non diplomatiques et incendiaires" du nonce apostolique à Nairobi concernant les manifestations antigouvernementales meurtrières, selon une lettre publiée le 16 août 2024 et consultée par des journalistes.

Dans ce courrier daté du 12 août, le ministère des Affaires étrangères qualifie les propos de l'archevêque Hubertus van Megen de
"conduite répréhensible et indigne d'un membre éminent du corps diplomatique".

Le nonce s'était exprimé le 29 juin lors d'une homélie à Nairobi, quatre jours après que la contestation contre un projet de budget instaurant de nouvelles taxes a viré au bain de sang, lorsque la police a tiré à balles réelles sur des manifestants prenant d'assaut le parlement.


Selon des organisations de défense des droits humains, au moins 60 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres sont portées disparues depuis le début de ce mouvement, né en juin au sein de la jeunesse.
Les autorités assurent, elles, s'en prendre uniquement aux "criminels" qui infiltrent les manifestations.

"Ces jours-ci, (...) nous avons assisté à une révolution à Nairobi. Après cela, la politique dans ce pays devra changer",
avait déclaré Mgr van Megen, selon des propos recueillis.

"Si le gouvernement veut apaiser la peur et la colère, non seulement des jeunes mais de tous les *wananchi* ("citoyens" en langue swahili, ndlr) et de tous les +débrouillards+ de ce beau pays, il ne peut pas continuer en faisant comme si de rien n'était. Les choses doivent changer",
avait-il ajouté.

Il avait aussi évoqué
"un appareil d'État qui tire à volonté"
et
"des influenceurs et des dirigeants étudiants enlevés, torturés et humiliés, jetés dans les fossés sombres et sales de Nairobi".

Le ministère des Affaires étrangères juge
"regrettable que [ces] propos non diplomatiques et incendiaires (...) aient été partiaux et tenus à un moment de grave crise nationale".

Et d'ajouter:


Nous trouvons cette conduite répréhensible et indigne d'un membre éminent du corps diplomatique.

Face à cette contestation, la pire crise depuis son arrivée au pouvoir en 2022, le président William Ruto a retiré le 26 juin le projet de budget controversé, puis a limogé le 11 juillet la quasi-totalité de son gouvernement.


Dans son nouveau gouvernement nommé en juillet, le chef de l'État a fait entrer quatre membres de l'opposition, mais il est aussi critiqué pour avoir reconduit plusieurs poids lourds de la précédente équipe.


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