L'opposant sénégalais Ousmane Sonko, s'offre un bain de foule, le 9 février 2023. Crédit Photo: Compte Facebook officiel d'Ousmane Sonko
L'Union Interparlementaire (UIP), a demandé à l'État du Sénégal, dans une décision datée du 27 octobre 2023, d'organiser une élection présidentielle inclusive, avec notamment la participation d'Ousmane Sonko. Un énième épisode d'un bras de fer juridico-politique entre le principal opposant et le régime de Macky Sall.
L'UIP qui regroupe actuellement 180 Parlements membres issus de 193 pays du monde, s'est dite
par l'état de santé d'Ousmane Sonko emprisonné depuis le 28 juillet.
L'organe international
"prie instamment les autorités sénégalaises de continuer à prendre les mesures nécessaires afin de protéger la vie de M. Sonko"
.
L'UIP avait été saisie depuis mars 2021 au lendemain des premières poursuites judiciaires contre Ousmane Sonko, qui avaient occasionné d'importantes émeutes au Sénégal.
"Souvenez-vous - après l'excellent travail réalisé par PASTEF
Suisse
parti d'Ousmane Sonko dissout
, ndlr), son coordinateur Abib Diop et Me Ciré Clédor Ly qui ont piloté la plainte déposée à l'UIP concernant la persécution de Ousmane Sonko de mars 2021 à nos jours - j'ai été auditionné par l'UIP le 23 octobre dernier",
a précisé sur sa page Facebook, le député Guy Marius Sagna, membre de la coalition Yewwi Askan Wi dirigé par Sonko.
Cités par Sagna, les Parlements Membres de l'UIP ont dit
"être préoccupés par l'état de santé de Ousmane Sonko",
"demandent à l'État du Sénégal de protéger la vie de Ousmane Sonko"
et
"d'organiser une élection présidentielle inclusive avec Ousmane Sonko comme un des candidats"
.
L'UIP a demandé aussi
"au comité des droits de l'homme des parlementaires d'envoyer très vite une délégation au Sénégal avant l'élection présidentielle de février 2024; cette délégation qui sera envoyée au Sénégal ira rendre visite à Ousmane Sonko en prison, le cas Ousmane Sonko continuera de faire l'objet d'un suivi par l'UIP".
Depuis mars 2021, Ousmane Sonko a fait l'objet de plusieurs poursuites judiciaires. D'abord accusé de viol puis acquitté, il a été condamné par contumace à deux ans de prison ferme pour
. Il a ensuite fait l'objet d'une plainte du ministre du Tourisme pour diffamation, condamné d'abord en première instance à deux mois de prison avec sursis plus une amende de 200 millions de Francs, avant que la peine ne soit corsée à six mois ferme par la Cour d'appel.
Après de nouvelles émeutes en juin 2023 suite à une condamnation sur son premier dossier, il a été ensuite arrêté pour
de téléphone avant de voir son dossier corsés par huit chefs d'accusation dont appel à l’insurrection, atteinte à la sûreté de l’État, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, complot contre l’autorité de l’État, et actes visant à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves.
Dans son rapport, l'UIP a notamment exprimé ses
quant aux multiples poursuites engagées contre Sonko et les atteintes à ses droits politiques.
Le principal opposant sénégalais a toujours soutenu que tous ces dossiers étaient politiques et visaient à l'écarter de la présidentielle de février 2024 dont il serait le favori selon son camp, qui évoque des sondages.
Bataille judiciaire à l'international
Depuis trois ans, la guéguerre politique entre le Président Macky Sall et son principal opposant s'est fortement judiciarisée. Un juge du tribunal de Ziguinchor avait notamment annulé sa radiation des listes électorales le 12 octobre, laquelle faisait suite à sa condamnation par contumace, malgré son arrestation (la loi sénégalaise stipule que l'arrestation d'un "contumax" annule sa condamnation et qu'il doit être ainsi rejugé). Cependant, la Direction Générale des Elections (DGE) a refusé d'exécuter cette décision de justice, prétextant que la dite décision n'était pas encore définitive et que l'État allait déposer un recours.
Saisie par les avocats d'Ousmane Sonko, la Commission Electorale Nationale Automne (CENA), hiérarchiquement au dessus de la DGE, avait enjoint celle-ci à s'exécuter et à donner les fiches de parrainages à son mandataire pour sa candidature à l'élection présidentielle.
Alors que la loi permettait à la CENA de dessaisir la DGE du dossier et se substituer à elle en cas de refus d'exécution de sa requête, le Président de la CENA et l'ensemble de ses agents ont été limogés et remplacés vendredi dernier, par décret, par le Président Macky Sall. Un décret "illégal" selon l'expert électoral Ndiaga Sylla.
Aujourd'hui, le conflit juridique s'est exporté à l'international. Outre cette décision de l'UIP, la Haute Cour de la CEDEAO a été saisie par les avocats d'Ousmane Sonko. Elle devrait se prononcer sur onze cas de violation des droits d'Ousmane Sonko selon Me Clédor Ly, un des avocats de l'opposant sénégalais. La décision de l'organe juridique sous-régional est attendue pour le 17 novembre.
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