Les Bahamas refusent une proposition de Trump d'accueillir des migrants expulsés

17:146/12/2024, vendredi
AFP
Le 47e président des États-Unis, Donald Trump.
Crédit Photo : ERIC BARADAT / AFP
Le 47e président des États-Unis, Donald Trump.

L'archipel des Bahamas a annoncé jeudi avoir refusé une proposition d'accueillir des migrants d'autres pays expulsés par les États-Unis sous Donald Trump, qui a promis de s'attaquer drastiquement à l'immigration illégale.

Selon NBC news, l'équipe du président élu a même compilé une liste de pays qu'il souhaiterait voir accueillir des migrants illégaux, même si ces derniers n'en sont pas originaires: les Bahamas, le Panama, la Grenade et les îles Turks et Caïcos, dans les Caraïbes.


Deux d'entre eux, le Panama et l'archipel des Turks et Caïcos, ont exprimé les mêmes réticences que les Bahamas.

"Cette proposition a été présentée au gouvernement du Bahamas, mais le Premier ministre l'a étudiée et fermement rejetée"
, a dit dans un communiqué l'exécutif des Bahamas, pays du Commonwealth britannique situé à quelques centaines de kilomètres des côtes de Floride.

Les services du chef du gouvernement, Philip Davis, de ce pays de quelque 400.000 habitants ont insisté:


Les Bahamas n'ont simplement pas les ressources pour satisfaire une telle demande.

"Depuis le refus de cette proposition par le Premier ministre, il n'y a pas eu d'autres échanges ou discussions avec l'équipe de transition de Donald Trump ou toute autre entité à ce sujet. Le gouvernement des Bahamas maintient sa position".

Le ministère panaméen des Affaires étrangères a fait savoir pour sa part n'avoir pas reçu de proposition en ce sens mais a souligné dans un communiqué
"n'avoir aucune obligation, au regard du droit international, d'accueillir des expulsés de nationalité non panaméenne".

"L'imposition unilatérale de politiques d'expulsions vers des pays tiers, telles que celles apparemment envisagées par la future administration Trump, sont fondamentalement en contradiction avec les normes internationales",
a réagi Arlington Musgrove, le ministre de l'Immigration des Turks et Caïcos, déjà confrontées à une vague d'immigration en provenance d'Haïti.

Et d'insister dans un communiquer:


Les Turks et Caïcos ne participeront à aucun programme visant à déplacer ici de force des individus contre leur volonté ou la nôtre.

Cas du Rwanda


La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a pour sa part exprimé jeudi le souhait que la future administration Trump reconduise l'accord en vigueur en vertu duquel les Etats-Unis expulsent directement vers leurs pays les immigrés non mexicains en situation irrégulière entrés sur leur territoire via le Mexique.


Donald Trump, qui sera investi président des Etats-Unis le 20 janvier, a promis durant la campagne qu'il expulserait massivement les immigrés en situation irrégulière.

Interrogée par l'AFP à ce sujet jeudi, son équipe n'a pas donné suite.


Il n'est pas clair, selon NBC, si ce projet ferait l'objet d'une compensation de la part de Washington, ou quel pourrait être le statut des migrants expulsés dans ces pays tiers.


Donald Trump a usé tout au long de la campagne présidentielle d'une rhétorique violente envers les migrants, les accusant d'empoisonner
"le sang"
américain, et a promis de mettre fin à ce qu'il qualifie d'
"invasion". 

Il avait en septembre repris à son compte des mensonges selon lesquels des migrants haïtiens mangeaient des chiens et des chats dans l'Ohio.


Le président élu a déjà nommé à des postes clés des tenants d'une ligne dure sur la question de l'immigration.


L'idée d'expulser des migrants illégaux vers des pays ou territoires tiers n'est pas nouvelle.


Sous le règne des conservateurs, le Royaume-Uni a envisagé avec le Rwanda un plan visant à expulser vers ce pays d'Afrique de l'Est les demandeurs d'asile arrivés de façon irrégulière, avant que le nouveau gouvernement travailliste n'abandonne le projet cet été.


L'Australie avait signé en 2014 un accord similaire avec le Cambodge pour y installer des réfugiés, finalement peu usité.


Plus récemment, l'Italie de Giorgia Meloni a construit en Albanie des centres de rétention pour traiter, hors de son territoire, des procédures de demande d'asile, mais cette mesure phare du gouvernement d'extrême droite est pour l'instant bloquée par les tribunaux. 


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