Faux appels au boycott, soupçons de bourrage d'urnes, candidats accusés de blasphème : les élections législatives et provinciales au Pakistan ont été accompagnées d'un déluge de fausses informations pointé par les observateurs et militants de l'internet libre.
L'ancien Premier ministre Nawaz Sharif, qui semble jouir du soutien de l'armée, est considéré comme le favori de ce scrutin, disputé aussi par un troisième parti représentant l'autre grande dynastie politique du pays, le Parti du peuple pakistanais (PPP) de Bilawal Bhutto Zardari.
Les élections de jeudi au Pakistan ont été ternies comme jamais par des soupçons de manipulations, renforcés par la décision du gouvernement de couper les services de téléphonie mobile pour la journée.
Vidéo manipulée par IA
Une vidéo publiée sur le réseau social X et vue près de 130.000 fois pouvait ainsi faire croire qu'un candidat soutenu par le PTI, Raja Basharat, relayait un appel d'Imran Khan à boycotter l'élection en raison du harcèlement de ses sympathisants.
L'AFP n'a pas été en mesure de vérifier s'il s'agissait d'un deepfake mais un responsable du PTI, Raoof Hasan a précisé à l'AFP jeudi n'avoir jamais appelé au boycott et bien au contraire, incité les électeurs à se rendre aux urnes.
Une autre vidéo, de Nawaz Sharif appelant prétendûment à un boycott, a aussi circulé sur TikTok. Elle est authentique mais date de 2007. Il n'a pas appelé au boycott pour ce scrutin.
D'autres publications ont assuré que la Commission électorale avait fait imprimer beaucoup plus de bulletins de vote que nécessaire, et présentaient cette information comme la preuve d'un projet de bourrage des urnes pour influencer le résultat de l'élection.
Or, les Pakistanais étaient appelés à voter jeudi pour les élections législatives et provinciales, ce qui signifie que chaque électeur avait deux bulletins.
Manipulation pas anodine
Historiquement, les élections au Pakistan ont régulièrement été soupçonnées de manipulations au profit de l'establishment militaire.
Une manipulation pas anodine dans un pays où la peine capitale est prévue quiconque est reconnu coupable d'insulte à l'islam ou au prophète Mohamed, et où même des allégations de blasphème non prouvées peuvent entraîner assassinats et lynchages.