Les faux pas de Netanyahu offrent à la Palestine une victoire diplomatique, selon des analystes israéliens

La rédaction avec
17:3222/09/2025, lundi
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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'adresse aux membres d'une délégation bipartisane de législateurs américains au ministère des Affaires étrangères à Jérusalem, le 15 septembre 2025.
Crédit Photo : DEBBIE HILL / POOL / AFP
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'adresse aux membres d'une délégation bipartisane de législateurs américains au ministère des Affaires étrangères à Jérusalem, le 15 septembre 2025.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu fait face à une vague inédite de critiques de la part d’analystes et d’anciens responsables, qui l’accusent d’avoir isolé Israël sur la scène internationale et ouvert la voie à une reconnaissance mondiale de l’État palestinien.

Certains estiment que son refus de mettre fin à la guerre à Gaza a en réalité
“créé un État palestinien par ses erreurs”.
Les critiques se sont intensifiées après que le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal ont officiellement reconnu la Palestine, portant à 153 le nombre d’États membres de l’ONU ayant franchi ce pas. D’autres pays européens, dont la France, le Luxembourg, Malte et la Belgique, devraient suivre cette dynamique qualifiée en Israël de “tsunami politique”.

Netanyahu a rejeté ces reconnaissances, affirmant qu’
“un État palestinien ne sera jamais établi”
, tandis que son ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a réclamé l’annexion immédiate de la Palestine occupée. Mais une partie croissante de l’opinion israélienne estime que ce discours a plongé le pays dans un isolement dangereux.

Nir Kivens, chroniqueur pour le média hébraïque Walla, juge que le gouvernement Netanyahu a dilapidé le capital diplomatique d’Israël depuis octobre 2023.
“La reconnaissance est une récompense pour le Hamas, mais c’est le gouvernement Netanyahu qui a créé le comité chargé de l’attribuer”
, a-t-il écrit, ajoutant que la position d’Israël est désormais “pire que celle du Hamas lui-même”.

Selon lui, une annexion de la Palestine occupée signerait
“la fin d’Israël en tant qu’État juif et démocratique et le début d’un régime d’apartheid”
, avertissant que même Washington pourrait, à terme, rejoindre les Européens dans leur soutien à l’État palestinien.

Israël marginalisé


Limor Livnat, ancienne ministre des Communications issue du Likoud, a accusé Netanyahu, dans Yedioth Ahronoth, d’avoir “commis toutes les erreurs possibles”, en particulier son refus de mettre fin à la guerre et de négocier la libération des otages israéliens.


“Le 7 octobre, le monde était avec nous”
, a-t-elle rappelé.
“Mais à mesure que le conflit s’éternisait, le Hamas a surgi des décombres et a mené une campagne de propagande efficace contre nous.”
Elle a accusé Netanyahu de prolonger le conflit “pour préserver son pouvoir”, laissant Israël isolé “en politique, dans la culture et dans le sport”. Selon elle, les images de destructions à Gaza ont profondément modifié la perception mondiale:
“Plus personne ne se demande qui a commencé. Nous sommes perçus comme ceux qui affament femmes et enfants.”

Une fracture croissante


Moria Asraf, analyste politique de la chaîne 13, estime que ces reconnaissances révèlent
“l’affaiblissement des liens d’Israël avec ses alliés occidentaux et un isolement croissant”.

Elle souligne que Netanyahu doit s’exprimer cette semaine devant l’Assemblée générale de l’ONU avant de rencontrer le président américain Donald Trump, pour discuter d’éventuelles réponses comme l’annexion ou la fermeture de consulats étrangers.


“Au lieu d’une stratégie de long terme, le gouvernement se réfugie dans des discours sur l’annexion, attisant encore les tensions”
, a-t-elle déclaré.

Même Netanyahu a fini par reconnaître ce mois-ci que le pays glisse vers “une forme d’isolement”, affirmant à la radio militaire qu’Israël doit se préparer à “une économie autosuffisante”.


Depuis le 7 octobre 2023, l’armée israélienne mène une guerre qualifiée de génocidaire à Gaza, qui a fait plus de 65 300 morts palestiniens, en majorité des femmes et des enfants. L’offensive a déplacé des centaines de milliers de personnes et, conjuguée au blocus de l’aide humanitaire, provoqué une famine qui a déjà coûté la vie à au moins 442 Palestiniens, dont 147 enfants.


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