L'heure du jugement approche pour Donald Trump

12:5826/05/2024, Pazar
AFP
L'ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidence, Donald Trump, s'adressant à la convention nationale libertarienne à Washington, DC, le 25 mai 2024.
Crédit Photo : Jim WATSON / AFP
L'ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidence, Donald Trump, s'adressant à la convention nationale libertarienne à Washington, DC, le 25 mai 2024.

Une affaire de paiement à une star de films X fera-t-elle condamner un ancien président des Etats-Unis en pleine campagne pour retourner à la Maison Blanche? Donald Trump reviendra mardi au tribunal de New York où l'attendent 12 jurés pour décider bientôt de son sort judiciaire, et peut-être politique.

Pour la dernière fois, l'accusation va tenter de convaincre le jury que le 45e président des Etats-Unis (2017-2021) s'est bien rendu coupable de falsifications de documents comptables pour cacher ce versement de 130.000 dollars à Stormy Daniels, destiné à éviter un scandale sexuel à la toute fin de sa campagne présidentielle de 2016.


Les procureurs martèleront qu'à travers ce paiement, qu'ils assimilent à une dépense de campagne dissimulée, Donald Trump a "corrompu" l'élection de novembre 2016 en achetant le silence de l'actrice sur une relation sexuelle qu'elle affirme avoir eue avec lui en 2006, alors qu'il était déjà marié à son épouse Melania. 


Donald Trump nie cette relation.


La défense aura aussi une ultime occasion, lors de ses plaidoiries, de semer le doute parmi les jurés. Il ne lui en faut qu'un sur les 12 car le jury doit être unanime pour déclarer l'accusé coupable. 


Les avocats chercheront encore à torpiller la crédibilité de l'accusateur numéro un, l'ex-homme de confiance de Donald Trump, Michael Cohen, qui a assuré avoir versé l'argent à Stormy Daniels et s'être fait rembourser avec de fausses factures en agissant sur ordre de son ancien patron.


Coude-à-coude


Le juge Juan Merchan donnera ensuite ses instructions aux jurés. Puis, il confiera à ces citoyens, peut-être dès mercredi, la lourde tâche de décider s'ils reconnaissent l'ancien chef d'Etat américain coupable ou non coupable. 


S'ils ne parviennent pas à se mettre d'accord, le procès serait à refaire.


S'il est coupable, le candidat des républicains à la présidentielle de 77 ans pourra faire appel et, dans tous les cas, se présenter le 5 novembre 2024. Mais avec le poids considérable d'une condamnation pénale. 


Suffisamment pour faire basculer l'élection en faveur de Joe Biden, 81 ans ?
"Cela lui porterait certainement préjudice auprès de certains électeurs, mais la plupart de ceux-là ne l'auraient sans doute pas soutenu. Mais comme la course s'annonce très serrée, la moindre petite chose peut être conséquente",
estime Hans Noel, professeur de sciences politiques à l'université Georgetown de Washington.

L'enjeu est d'autant plus important que Donald Trump a réussi à repousser l'échéance du procès dans les trois autres affaires où il est inculpé. S'il était élu, il pourrait ordonner l'abandon de deux procédures fédérales à son encontre, l'une pour ses tentatives présumées illégales de renverser le résultat de la présidentielle de 2020, et l'autre pour rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.


Jusqu'à présent, ses inculpations et ses condamnations au civil dans d'autres affaires n'ont pas empêché le républicain de remporter la primaire de son parti et les intentions de vote le donnent toujours au coude-à-coude, voire devant son rival dans des Etats clé. A chaque jour d'audience, en arrivant au 15e étage du tribunal de Manhattan, il a dénoncé un procès injuste, qui l'a obligé à s'asseoir pendant des heures dans une salle d'audience
"gelée". 

Une question


L'accusation a fait défiler 19 témoins et versé des centaines de pièces à la procédure, dont des SMS et courriels entre les acteurs de l'affaire, tandis que Donald Trump a renoncé à témoigner.


Les jurés ont plongé dans les coulisses d'une campagne présidentielle en 2015-2016 où la crainte d'un scandale sexuel semblait omniprésente, surtout après la révélation d'une vidéo où l'on entendait Donald Trump se vanter avec vulgarité d
'"attraper"
les femmes
"par la chatte". 

Un ancien patron de tabloïd, ami du milliardaire, a raconté à la barre qu'il était ses
"yeux et (ses) oreilles"
pour chasser toute révélation embarrassante, quitte à payer une mannequin de Playboy 150.000 dollars pour qu'elle se taise sur une aventure avec Donald Trump. Le jury a aussi entendu l'enregistrement audio d'une conversation privée entre le candidat et Michael Cohen évoquant ce paiement. 

Quant à Stormy Daniels, elle a livré les détails de la relation sexuelle qu'elle dit avoir eue avec le milliardaire, un acte selon elle consenti mais où le
"rapport de force"
était
"déséquilibré".

Mais au final, les jurés ne doivent répondre qu'à une question: Donald Trump a-t-il ordonné de falsifier des documents comptables pour couvrir son paiement? 


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