Mexique: des manifestants enfoncent la porte du palais présidentiel

La rédaction
12:187/03/2024, jeudi
AFP
Des manifestants poussent une camionnette pour enfoncer la porte du palais présidentiel à Mexico, le 6 mars 2024, lors d'une manifestation sur la disparition de 43 étudiants de l'école de formation pédagogique d'Ayotzinapa en 2014.
Crédit Photo : VALENTINA ALPIDE / AFP
Des manifestants poussent une camionnette pour enfoncer la porte du palais présidentiel à Mexico, le 6 mars 2024, lors d'une manifestation sur la disparition de 43 étudiants de l'école de formation pédagogique d'Ayotzinapa en 2014.

Plusieurs dizaines de personnes, qui manifestaient mercredi contre l'enlèvement et la disparition en 2014 de 43 étudiants de l'école normale d'Ayotzinapa, ont enfoncé l'une des portes du palais présidentiel à Mexico, selon des images de la presse mexicaine.

Sur ces images, on voit les manifestants utiliser une camionnette pour enfoncer la porte avant que certains d'entre eux, le visage masqué, ne pénètrent brièvement dans le palais.


Ils sont
"parvenus à l'entrée, rien de plus. Ils ne sont pas entrés",
a assuré à l'AFP le porte-parole de la présidence, Jesus Ramirez.

Les manifestants ont été repoussés avec des gaz lacrymogènes par des militaires en charge de la sécurité du palais, a témoigné à l'AFP un caméraman présent sur les lieux.


Un groupe d'une quinzaine de jeunes ont tenté d'entrer.

"Mais ils ne sont pas parvenus à passer"
les portiques de sécurité car
"une ligne de militaires était déjà en place",
a raconté à l'AFP Miguel Hernandez, 52 ans, cireur de chaussures installé face à l'entrée du palais.

L'assaut fugace est intervenu au moment où le président Andres Manuel Lopez Obrador évoquait l'affaire des disparus d'Ayotzinapa pendant sa conférence de presse quotidienne.


"C'est très clairement un plan de provocation",
a commenté le président, alors que la campagne électorale a commencé au Mexique vendredi pour désigner son successeur le 2 juin.
"C'est un mouvement contre nous". 
Et de poursuivre:

Ils voudraient que nous répondions de manière violente. Nous n'allons pas le faire car nous ne sommes pas des oppresseurs.

"On va réparer la porte et il n'y a pas de problème".

La candidate du parti au pouvoir Claudia Sheinbaum est la grande favorite de la présidentielle, portée par la popularité du président sortant, qui ne peut pas se représenter après un mandat unique de six ans selon la Constitution.


"Objectifs politiques"


Des manifestants avaient déjà tenté d'attaquer les portes du Palais national, siège de la présidence depuis 2018. C'est la première fois depuis des années qu'ils atteignent leur but. 

Les proches des 43 disparus, accompagnés de leurs avocats, de militants et d'étudiants manifestent régulièrement dans le centre de Mexico, surtout à l'approche de la date anniversaire du drame.


Un campement à leur mémoire est installé sur la principale artère du centre de la capitale, face au Palais national. 


Le président s'est dit prêt à recevoir les proches des étudiants disparus, et a envoyé un sous-secrétaire du ministère de l'Intérieur pour échanger avec eux.


Les étudiants d'Ayotzinapa ont disparu dans la nuit du 27 septembre 2014 après s'être rendus à Iguala, dans l'État de Guerrero (sud), où ils s'apprêtaient à monter à bord de plusieurs autobus pour se rendre dans la capitale Mexico et participer à une manifestation.

Selon la version officielle de l'ancien gouvernement (2012-2018), ils ont été enlevés par la police locale, en collusion avec des criminels, et ont été livrés au cartel des Guerreros Unidos qui les aurait assassinés.


Les familles ont rejeté l'enquête du gouvernement d'Enrique Peña Nieto (2012-2018), qui affirmait notamment que les jeunes avaient été confondus avec des membres d'un autre cartel. 


Un groupe d'enquêteurs, formé après un accord entre le gouvernement et la Commission interaméricaine des droits de l'Homme, affirme que l'armée a permis l'attaque et le meurtre des étudiants, les a dissimulés et n'a pas fourni d'informations transparentes sur les faits.

Depuis son arrivée au pouvoir, le président Lopez Obrador a créé une commission pour la vérité (Covaj), qui a réalisé une nouvelle enquête.


La Covaj a estimé en octobre que l'armée était au courant de l'enlèvement et de la disparition des jeunes, parlant d'un
"crime d'État".

Mais les proches des victimes accusent son gouvernement de ne pas avoir transmis toutes les informations dont il dispose sur cette affaire qui a traumatisé le pays.

Depuis plusieurs jours, les étudiants de l'école normale d'Ayotzinapa protestaient dans l'état du Guerrero et à Mexico.


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