Tension maximale au Mozambique, en plein bras de fer post-électoral

16:547/11/2024, Perşembe
AFP
Des manifestants sont vus à côté d'une barricade en feu dans l'avenue Eduardo Mondlane à Maputo au Mozabique, le 7 novembre 2024.
Crédit Photo : ALFREDO ZUNIGA / AFP
Des manifestants sont vus à côté d'une barricade en feu dans l'avenue Eduardo Mondlane à Maputo au Mozabique, le 7 novembre 2024.

Haute tension jeudi au Mozambique : des milliers de manifestants ont envahi les rues de Maputo à l'appel du principal opposant, Venancio Mondlane, qui conteste les résultats des élections et poursuit depuis l'étranger son bras de fer avec le parti au pouvoir.

Banderole à l'effigie de leur chef de file, des milliers de personnes ont afflué sur une des artères de la capitale, où elles ont été arrêtées par des tirs de gaz lacrymogène de policiers en treillis appuyés par des véhicules blindés, ont constaté des journalistes de l'AFP.


"Il y a une atmosphère révolutionnaire, une atmosphère montrant que nous sommes au bord d'une transition historique et politique unique dans le pays"
, a affirmé Venancio Mondlane jeudi dans un entretien à l'AFP.

L'opposant dénonce des fraudes et revendique la victoire aux élections générales du 9 octobre, un scrutin entaché de multiples irrégularités selon les observateurs internationaux, et où les résultats officiels l'ont crédité de 20 % des voix.

Cette journée
"de libération du Mozambique"
, comme il l'a baptisée, marque plusieurs semaines de contestations depuis la victoire proclamée du Frelimo, parti au pouvoir depuis près de 50 ans dans ce pays d'Afrique australe.

La manifestation, répartie en six cortèges, doit converger vers la présidence.

"L'objectif n'est pas du tout de prendre le pouvoir par la force ni de faire un quelconque coup d'État"
, a précisé M. Mondlane, tout en avertissant que
"la lutte se poursuivra jusqu'à ce que la justice soit rétablie".

Mardi, le ministre de la Défense, Cristovao Chume, a menacé d'envoyer l'armée pour mettre fin aux manifestations visant, selon lui, à renverser le gouvernement. Au moins vingt personnes sont mortes dans des violences post-électorales, d'après le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme.

"Ce ne sont pas des morts, ce sont des meurtres"
, a dénoncé Venancio Mondlane, accusant le Frelimo de se maintenir au pouvoir
"par la force"
et par
"le terrorisme d'État"
.

"Plus vivant que mort"


Drapeaux mozambicains en main et claquettes aux pieds, une foule dense a répondu au rendez-vous donné par "Venancio", comme l'appelle son électorat jeune et connecté.


Après avoir annoncé sa participation, M. Mondlane, un ancien animateur de télévision de 50 ans, a finalement déclaré à l'AFP qu'il ne serait pas à Maputo jeudi, ajoutant avoir quitté le continent par crainte pour sa sécurité.


"Tout le monde, dans 99 % des messages, me dissuadait d'aller à Maputo (...) Certains m'ont même dit que j'avais plus de valeur vivant que mort"
, a-t-il expliqué.

Avec des pancartes "Povo no poder" (le peuple au pouvoir) en main, ses partisans entenden
t "faire pression sur le centre du pouvoir"
, explique l'opposant, qui s'est allié au modeste parti Podemos après avoir échoué à prendre la tête de l'historique faction d'opposition Renamo.

L'ordre des avocats mozambicains a estimé que
"les conditions sont réunies pour un bain de sang
" jeudi, appelant à ce que l'
"annulation des élections"
soit
"mise sur la table".

Cette déclaration a suivi l'avertissement lancé mardi par le ministre de la Défense aux manifestants.
"Si l'escalade de la violence se poursuit, les forces armées devront protéger les intérêts de l'État"
face à cette
"intention de changer le pouvoir démocratiquement établi"
, a averti M. Chume devant la presse.

D'après l'ONG anticorruption Public Integrity Center (CIP), les élections générales du 9 octobre sont
"les plus frauduleuses depuis 1999"
.

Les observateurs électoraux ont rapporté des irrégularités avant, pendant et après le vote. La mission de l'Union européenne a notamment relevé des
"altérations injustifiées de résultats"
, constatant que sur un tiers des dépouillements observés, les chiffres
"ne concordaient pas".

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