Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Turk. Crédit photo: FABRICE COFFRINI / AFP
La situation des droits de l'homme au Myanmar ne cesse de se détériorer depuis le coup d'État de février 2021, alors que l'armée a intensifié ses attaques contre la population civile, a déclaré, mardi, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'Homme (HCDH).
"Des sources crédibles ont recensé, jusqu'à hier, un minimum de 4 108 victimes tuées par l'armée et ses affiliés"
, a déclaré Volker Turk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'Homme, lors d'une session spéciale sur le Myanmar, prônant une
"nouvelle approche"
pour faire face à la situation.
"Trois tactiques militaires spécifiques ont été systématiquement dirigées contre la population civile : les frappes aériennes, les massacres et les incendies de villages"
, a déclaré Volker Turk, alors qu’aucun représentant du Myanmar n'était présent à la session.
Türk a évoqué la situation des habitants de l'État de Rakhine, notamment des membres de la communauté Rohingya, qui sont continuellement privés de nourriture, de médicaments et des matériaux nécessaires à la reconstruction de leurs maisons et à la préservation de leur vie.
Disparition de l'État de droit
Disparition de l'État de droit
Türk a déclaré que l'État de droit au Myanmar avait
"disparu"
, les militaires érodant délibérément l'administration et la justice et provoquant le déplacement de plus d'un million de réfugiés au Bangladesh.
"Compte tenu de la gravité persistante de la situation et de l'impunité sur le terrain, je réitère mon appel au Conseil de sécurité des Nations unies pour qu'il saisisse la Cour pénale internationale de cette situation"
, a-t-il ajouté.
Le Haut-Commissaire aux Droits de l'Homme a cité des
"sources crédibles"
selon lesquelles 24 836 personnes ont été arrêtées, 19 264 sont toujours détenues et 150 ont été condamnées à mort par des tribunaux contrôlés par l'armée", qui ne sont pas indépendants et qui ne respectent pas les droits à un procès équitable.
"Les opérations au sol ont donné lieu à 22 incidents documentés de massacres de 10 personnes ou plus"
, a déclaré Türk. Les témoignages indiquent que dans de nombreuses opérations, les soldats sont entrés dans les villages, ont rassemblé ceux qui n'avaient pas fui et les ont exécutés.
"Ils ont fait usage de méthodes effroyables pour infliger une douleur incommensurable à leurs victimes, notamment en les brûlant vives, en les démembrant, en les violant, en les décapitant, en les matraquant et en utilisant des villageois enlevés comme boucliers contre les attaques et les mines terrestres"
, a déclaré Türk, ajoutant:
C'est de l'inhumanité dans sa forme la plus vile.
Une oppression impitoyable
Une oppression impitoyable
Türk a expliqué qu'il existe un système de
"répression impitoyable conçu pour opprimer et soumettre"
le peuple du Myanmar, effritant les structures sociales
"afin de préserver les intérêts étroits d'une élite kleptocratique".
Il a ajouté que la restriction de l'accès à l'aide humanitaire après les destructions causées, au mois de mai, par le cyclone Mocha, illustre la manière dont l'armée privilégie ses intérêts politiques au détriment du bien-être d'une population qui a cruellement besoin d'une aide salvatrice.
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